Km 8171, Abri, Soudan.
22h56 à Abri, petit village du Soudan. J’ai pris place dans mon Funduk (petit hôtel) pour le modeste prix de 20 pounds soudanais (2.5 dollars). Il fait nuit depuis longtemps, mais cette nuit la température semble ne pas vouloir baisser. J’ai chaud, encore. J’ai du boire 4 ou 5 litres d’eau aujourd’hui. 4 lits entourent le mien, pas de couverture. Pas besoin de totue façon. La pièce est rustique, pas d’éléctiricité. Pas d’eau courante, quoi qu’il y a un hammam de l’autre côté de la cour. J’ai pu me rafraîchir tout à l’heure. Le tout est plutôt propre, Ca va aller. J’entends péniblement parler ces deux jeunes éthiopiens qui dorment de l’autre côté de la cour, petite place centrale de cet « hôtel ». On a mangé ensemble tout à l’heure. Simple mais bon. C’est qu’on mange bien au Soudan.
Voici déjà 3 jours que je suis au Soudan, je découvre petit à petit un autre monde. Un monde ensoleillé, mais pauvre et au climat monotone. Bien loin de l’Egypte que je laisse derrière moi. Ici tout est plus calme.
De Aswan à Wadi Halfa, de l’Egypte au Soudan
Mercredi dernier, 21 janvier 2015, j’ai enfin passé la frontière égypto-soudanaise. Une belle aventure en soit. La frontière terrestre a été ouverte il y a à peine quelques mois de cela. Auparavant il fallait prendre un bateau (un mythique bateau, tous ceux qui l’ont pris vous le confirmeront) entre Aswan et Wadi Halfa, première « ville » à l’entrée au Soudan. Ce bateau ne partait qu’une fois par semaine, le dimanche. Bondé de monde, la traversée du Lac Nasser était annoncé d’une durée de 18 heures, mais devait aisément dépasser les 24…
Cette traversée tout de même mythique, tout droit venue d’un autre monde, m’intéressait mais arrivé à Aswan un samedi après-midi, obtenant mon visa mardi matin, l’idée d’attendre 4 jours de plus (donc 5 avant d’arriver au Soudan) ne m’intéressait guère. Aswan est une trés jolie ville, le Nil y est beau, les gens y sont sympa, mais franchement après 7 semaines en Egypte j’en ai marre. Le mercredi matin, je me lance donc sur la frontière terrestre.
En bus pour terminer mon périple égyptien
Finalement j’ai pris un bus. J’ai stupidement cru que la route était interdite aux étrangers voyageant seul (ce que les douaniers soudanais me démentiront par la suite, ainsi que d’autre voyageurs). Le bus devait partir à 5h du matin… Après avoir changé 3 fois de chauffeurs, nous sommes parti à 7 heures. Arrivé à la douane égyptienne, après plus de 240 km très roulant mais plutôt ennuyant, ainsi qu’une heure trente de ferry pour traverser le lac Nasser, arrivent les contrôles : une catastrophe ! Tout le monde dehors, tous les bagages dehors ! Un vrai casse-tête. 1 bonne heure pour vérifier les bagages de chacun, remonter dans le bus, ranger tout ça et recommencer l’opération… 150 mètre plus loin. Et là laisse-toi savoir que les soudanais sont beaucoup plus tatillons. Les 7 ou 8 backpackers qui m’accompagnent (du Japon, Corée du Sud, Angleterre, Croatie…) n’en tiennent plus de nerfs… Heureusement la bonne ambiance est de mise. Nous sommes en Afrique. Il fait beau. Nous sommes heureux.
Chaque bagages (je parle des soudanais qui sont taxé sur tout ce qu’il rapporte en Egypte, les étrangers ne sont pas fouillés cette fois) est multi vérifier. En fait, les soudanais vont en Egypte, achètent télévision, radio, habits (enfin tout ce qu’ils trouvent) et les ramènent au Soudan, d’où cet afflût de bagages. Chanceux, je n’attendrai pas les 2 heures nécessaire pour remplir le bus, je peux en effet continuer à vélo. Wadi Halfa se trouve à 35 km de la fontière, j’attendrai la petite ville juste après la tombée de la nuit. Au Soudan on change d’heure, le soleil se couche donc à 18h45.
Wadi Halfa et mes premiers kilomètres au Soudan
Après ma première nuit au Soudan, passée dans un « hôtel » miésereux où j’aurai payé 10 pounds (1.25 dollars) pour dormir dans une chambre sale, bourrée de moustiques et accompagné de 2 autres colocataires, je me réveille dans un autre monde: l’Afrique!
Un autre monde. La différence avec l’Égypte est marquante. plus pauvre, plus « cheap », plus détendu. Moins d’arnaque, je découvre aussi une administration hyper tatillonneuse et des dizaines de papier à faire (héritage anglais) mais également beaucoup plus rigolote. A la douanes les flics me courent après pour me prendre en photo, alors que 100 m plus loin, côté égyptien, pas moyen d’obtenir un sourire. J’ai fini trois fois au poste à me faire effacer mes photos en Égypte, mais ici c’est différent.
Une musique joyeuse et calme résonne dans Wadi Halfa, ou a presque midi, le soleil cogne bien. Fini les ados qui me courent après, les « money money », et welcome ultrarepetitif. Après l’Égypte mais avant la (terrible? ) ethiopie, ce calme joyeux, malgré la poussièreuse pauvreté, fait du bien.
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Sur la route à nouveau
Après deux nuits passée à Wadi Halfa, histoire de m’aclimater un peu, je continue enfin ma route à travers le Soudan. Je suis rapidement étonné de voir de beaux paysages et quelques végétations. Je m’attendais à quelque chose d’affreusement monotones, ça ne l’est pas. De petite collines, une route très bien revêtue, parfois donc quelques végétations, enfin le Nil n’est pas très loin, bien que je ne le vois pas le premier jour. Les 100 premiers kilomètres sont nus de toutes civilisations, mais après cela je m’arrête à une cafétéria. Petite cafétéria de bord de route comme on en trouve souvent au Soudan. J’y passerai ma première nuit sur les routes du Soudan, celle de mon anniversaire: en effet j’ai 25 ans. 25 ans et désormais quelques kilomètres au Soudan, et certainement quelques uns encore…
Olivier Rochat