Le cri d’Anatole (l’écrit d’Anatolie…)

Km 4255, Selimşahlar, Türkiye.

Trop grosse pour moi, Istanbul est déjà loin. J’ai pris le ferry. Sur celui-ci j’ai traversé la mer de Marmara. Et puis c’était l’Asie et ce soir il fait déjà noir et moi je bois un Çay (Thé turque) le long de la route… Dans un bistrot qui s’appelle Safakkebab. Je me trouve sur une terrasse, avec « vue » sur la route. Noir mais bruyante à défaut de brillante. Une grande route toute droite remplie de camions qui mène droit sur Izmir, tout à l’ouest de l’Anatolie. Je m’arrête et publie mon cri pour rester à jour bien qu’il fasse nuit. La photo qui suis je l’ai prise entre deux, entre le jour et pi la nuit… Mais maintenant rassure-toi il fait nuit!

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Une grande route toute droite remplie de camions qui mène droit sur Izmir, tout à l’ouest de l’Anatolie.

Izmir way

Le chemin d’Izmir. J’avais le choix encore une fois. Izmir ou Ankara ou l’embarras du choix c’est selon mais lorsque ces deux choix te font rêver il faut se laisser rêver non? Oui! Alors j’ai choisi Izmir et si c’est plus long c’est plus sud, plus plat et donc moins froid, que « l’Ankara way ». Me voici donc à Selimşahlar, à une quarantaine de kilomètres au nord d’Izmir, tout à l’ouest de la Turquie. Et toujours plus au sud.

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Izmir way Le chemin d’Izmir. J’avais le choix encore une fois. Izmir ou Ankara ou l’embarras du choix c’est selon mais lorsque ces deux choix te font rêver il faut se laisser rêver non? Oui! Alors j’ai choisi Izmir

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Enfin la nourriture est bonne en Turquie je ne vais m’en plaindre. De loin, c’est la meilleur que je déguste depuis le début de mon voyage

Je viens de déguster un plat nommé Kebab. Quelques rondelles de tomates, cinq petits morceaux de viande et quelques patates. Ici les plats s’appellent souvent Kebab même s’ils changent de forment à chaque fois. Enfin la nourriture est bonne en Turquie je ne vais m’en plaindre. Entre douceurs, Loukoum et autre Baklava, viandes, légumes et fruits de bord de route… De loin, c’est la meilleur que je déguste depuis le début de mon voyage. Ce qui change de mes mots d’estomacs roumains…

Le soleil s’incline en silence

Et puis cet instant de vide et mon passé qui revient. Il m’attrape par le cou et moi je me sens seul, victime d’un passé qui me vide et apeuré par un futur qui ne vient. La route est longue mais j’ai beau m’arrêter, me reposer, que ça ne change rien, mon présent ne m’appartient. Je secoue la tête et me replie sur mon Cargo, car à deux on ne forme qu’un. Et puis mon vide qui s’en va, comme mon passé que je n’ai plus, mon futur qui viendra bien et mon présent que j’aime tant... Enfin cette route que je fais mienne… Et ma tête qui revient enfin.  Je ne suis rien mais je suis tout car je suis seul, ma seule pensée comme alliée, un compteur pour mieux me structurer. Les kilomètres qui défilent et le soleil qui s’incline. En silence. Il me dit que tu manqueras mais je sais qu’à l’autre bout du monde, oui, qu’il s’incline devant toi…

Et Princess qui s’en revient…

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Peu à peu j’apprends à dompter le temps, à accepter qu’on est différent, lui et moi. Mais qu’ensemble on ira loin.

Peu à peu j’apprends à dompter le temps, à accepter qu’on est différent, lui et moi. Mais qu’ensemble on ira loin. Oui car il ne faut pas avoir peur d’aller lentement. Simplement de t’arrêter. Aussi je prends le temps et je m’arrête dans un café pour boire un thé mais l’anatolien (je vais l’appeler comme ça, anatolien c’est joli je trouve) m’en offre deux. Lorsque c’est moins que trois. Mais normalement, il m’en offre quatre. Et puis parfois il m’offre le manger, un peu d’Ayran (boisson turc très populaire qui est un mélange de yoghurt  et d’eau) et parfois il m’invite pour passer la nuit. Et puis lorsqu’il m’offre le Kebab ou la Pitva, il y a toujours concombres et salades, et les tomates se marient bien avec la viande. De plus il n’oublie jamais le pain.

Fruits frais et doux

Le long de la route je découvre de nouveaux fruits aux goûts prononcé et à la fraîcheur retrouvée. Les marchands me les offrent. Ils me crient en me voyant passer sur mon Cargo. Alors je m’arrête, souriant, et tout désolé voire gêné de ne savoir parler le turc et d’être « si étranger ». Mais peu importe le langage nous voici parti pour un nouveau partage humain. J’explique mon itinéraire à chacun, où je vais, d’où je viens. J’ai une carte avec moi, ce qui aide… Tous sont impressionné mais semblent m’apprécier. On discute en faisant semblant de se comprendre. On ne se comprend pas bien sûr mais les sourires sont bien vivants.

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Mais peu importe le langage nous voici parti pour un nouveau partage humain.

Alors cet homme, un vieux monsieur, bien habillé mais mal rasé (et alors?!), sort un gros couteau. Il me le pointe en ma direction tout en souriant. Et puis là soudain, il tape dans le melon. Il le tranche en deux, puis en quatre. Enfin pour moi ça y ressemble. Ca ressemble au melon je veux dire. On dirait un gros ballons de rugby jaune pétant. Il le coupe donc en quatre et m’en donne deux parts. Oh bon dieu c’est juste succulent! On en mangera un deuxième ensemble et je repartirai avec un troisième dans ma sacoche. Le machin doit faire au moins deux kilos! Mais peu importe je ne suis plus à deux kilos près. Et puis il y a cet espèce de gros fruits de la passion qui n’en a le goût mais un peu l’aspect bien que plus gros et moins acide au goûté. Ca gicle de partout lorsque je l’ouvre. La peau est dure comme une coquille et l’intérieur est plein de petits grains. J’en repart de chez le marchand de fruit du bord de route pleins les sacoches…

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Et puis il y a cet espèce de gros fruits de la passion qui n’en a le goût mais un peu l’aspect bien que plus gros et moins acide au goûté

La route…

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Une fois au haut de la bosse je me laissent plonger à toute allure avec une splendide vue panoramique sur ce qui m’attend

Et puis l’Anatolie se fait belle, malgré la taille impressionnante et la grosse circulation des ces routes. De petites montagnes m’entourent tout du long et parfois je grimpe un peu, quelques kilomètres durant. Une fois au haut de la bosse je me laissent plonger à toute allure avec une splendide vue panoramique sur ce qui m’attend. De plus ici les routes sont bonnes, carrément autoroute. Mais pourtant la vie de routier à Cargo n’est pas un long poème tranquille. Hier soir, juste avant la tombée de la nuit ce motard était là, étendu sur la route, pour me le rappeler. J’ai fait un signe de croix en voyant le sang qui chargeait son visage mais lorsque l’ambulance m’a dépassé, quelques mètres plus loin, j’ai bien vu qu’il n’était plus. Elle était vide. Et le silence violent des policiers… Le motard est mort. Là, juste devant moi. Et soudain ce chien qui me courent après, il m’aboie dessus en me montrant ces dents de carnivores. Finalement il me rattrape et s’agrippe à mes sacoches…  Il m’arrête ce con mais moi je ne l’insulte si ce n’est poliment. Il lâche prise…  La nuit tombe. Noir total si ce n’est les phares des voiture et les miens.  Non la route n’est pas qu’un long poème tranquille même si moi je l’aime ainsi. Car ainsi va la vie. La mienne du moins. Et les longues heures des nuits de voyageur solitaire.

La douceur de la Turquie

Le temps file et moi avec et ce soir, pour moi, c’est déjà la troisième fois que le soleil se couche en Anatolie… Istanbul est déjà loin derrière moi.  Le premier coucher de soleil je l’ai contemplé et puis c’est à la belle étoile que je me suis couché. Enroulé dans mon sac de couchage entre deux tas de dalles entreposées le long de la route, alors qu’hier c’était dans ma tente au pied des bois. Au bas d’un talus, toujours le long de la route mais à l’abri des regards indiscrets. Bivouac de nuit.  Bivouac d’un soir. Ce soir je sais pas. On verra bien, je trouverai bien une fois que j’aurai publié mon cri. Enfin bon ici ça parle turc et ça boit du thé à côté de moi, j’entends les grillons qui « grillonnent » (comment dit-on?) à pleins poumons. On dirait presque le début de l’été mais à 17 heures 15 il fait plein nuit… Et si la saison avance bien, chaque jour il fait plus chaud.

En effet depuis trois jours que j’arpente l’Asie, enfin l’Anatolie de l’ouest pour être plus précis, le temps c’est nettement réchauffé. Un bon 20 (25°C?) degré la journée et puis si les nuits sont fraîches elles n’ont rien d’indormable. Je dors donc dehors, pour l’instant du moins.

Olivier Rochat

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Le temps file et moi avec et ce soir, pour moi, c’est déjà la troisième fois que le soleil se couche en Anatolie… Istanbul est déjà loin derrière moi.

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