Km 21’699, Masvingo, Zimbabwe.
A l’entame d’une deuxième année sur la route
Zimbabwe? Zimbabwe… Je ne sais pas si je dois dire beau, si je dois dire chaud, bizarre, long ou far-west. Ou chercher d’autre mots?
Beau mais sans plus
Un peu bizarre quand même la découverte du Zimbabwe. 300 km durant, vent changeant, paysage marquant, parfois montant, parfois descendant, une rivière, un col, un gros babouin puis des chèvres au réveil, un estomac qui coince pour galvaniser tout ça. La diarrhée est de retour, je vais espacer les détails, même les passer, en Afrique il y a tous les jours que l’on lutte. Oui bizarre disais-je à découvrir 300 km durant un beau pays sans interêt, si ce n’est que profiter de pédaler.
Parfois un gros cactus.
De temps en temps un village. Mais quel village, c’est pas compliqué c’est le même à chaque fois! Une dizaine de shops, parfois plus parfois moins, une dizaine de shop posé là les uns à côté des autres sans autres reluisement que de vendre la même chose… Va savoir. Pas un endroit pour s’asseoir boire un thé, une mandasi ou autre que je trouvais dans les pays voisins. Pas d’ambiance. Enfin ambiance de western amenée par la forme des bâtiments, si j’ai de la chance un billard. Toujours ce gros cactus puis cet énorme pont. Est-ce le pont sur le Mississippi? Non je sais pas. Sec, ça coule presque plus. J’aperçois trois vaches isolées sur une île. Le niveau d’eau est donc si bas…
Pas un légume, on mange mal. Pas un fruit, on mange très mal. Niveau protèine j’ai mal. Carence…
Flocons d’avoine et poudre de lait, pain toast et confiture, tomate, banane… Voici mon menu. Soudain un ananas. Allez je me lance mais le petit ne m’a pas l’ai mur.
Succulent, j’ai pleuré de n’en avoir acheté qu’un car 150 km plus loin, j’en cherche toujours un autre. Et l’avocat quand a lui, avait un sacré de goût de regret.
De toute façon tout ressort liquide en 3-4 fois au moment du réveil après que le ventre m’eu chanter son mal être une partie de la nuit.
Bref… Sinon je peux toujours me nourrir de soda.
Je m’arrête
Voilà que j’arrive encore à faire pleurer un gosse qui passe à ma hauteur alors que je viens de m’asseoir. Ca m’apprendra a être blanc. Soudain le Zimbabwe me rappelle la Tanzanie où, timide, les gamins parfois s’enfuyaient en courant criant » Mama mama » dès qu’ils me voyaient. Cela m’étaient arrivé quelques fois même si le reste du temps ils avaient tendance à m’appeler « Teacher » et s’enfuir en courant en face de mon appareil photo.
Finalement ce sera tout ,une exception. La route est d’un calme profond a peine gêné par un camion ou un bus de temps en temps. Quant aux gamins, allant à l’école, souvent ils portent l’uniforme lorsque j’en croise en bord de route. Chaussures propres, bien coiffé… Fini le Malawi, pas plus de Mozambique.
Mais plus que pour cette acte là c’est aussi le plaisir de pédaler, celui vécu en Tanzanie, que me rappelle le Zimbabwe. De long espace, de beaux paysages, des troupeaux de vaches qui se déplacent au milieu d’énorme baobabs, un coucher de soleil surprenant puis en 2 minutes trouver un coin sympa pour passer une nuit tranquille à contempler le ciel étoilé, la grande ours et jeter un oeil sur la voie lactée…
Oui, positivement, le Zimbabwe est appréciable à rouler. Mais jusqu’ici je ne me sens pas le coeur d’y rester une éternité.
La route en direction des chutes Victoria est toujours belle et plaisante, aujourd’hui chaude, hier plus fraîche mais à nouveau sous un soleil bleu pétant.
Ah oui au coin d’une rue un empli « récite » une musique répétitive et beaucoup trop forte pour être appréciée qui à mon sens, n’amène rien. Peu importe…
On m’avait prédit une grosse circulation remplie de camion, il n’en est rien. A première vue ne pas aller à Harare pour choisir cet itinéraire était plutôt une bonne idée.
Soudain j’arrive, enfin, à Masvingo. après 300 km de savane montagneuse. Là aussi on m’avait dit une petite ville. Moi j’y vois de grand supermarché plus grand qu’à la maison, des prix toujours aussi élévé, des gens toujours aussi souriant, tranquille également. Je prend une photo au carrefour. Le bus, bondé, s’arrête. Il m’a vu!
3-4 personnes sortent la tête du hublot et me demande en photo, même le conducteur. En plein carrefour, comme si de rien n’était. Le mec bouche toute la route pour que je le prenne en photo… Je m’attends au klaxon!
Non rien, le conducteur en face sourit, attend, je prend ma photo, le bus reprend sa route. Ciao, comme si de rien n’était.
Pour le reste et dans un bon anglais, calme et souriant, je continue ma route belle et bizarre (point de vue personnel) au Zimbabwe.
Tranquillement mais pour ainsi dire, sûrement.
Olivier Rochat