Zambie

Km 33’082, Linvingstone, Zambie.

Tranquillement mais sûrement, je reprends goût à la route depuis 3 jours, découvrant une Zambie sympathique et simpliste qui, sans en faire trop, sait se montrer souriante.

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Je reprends goût à la route

Plate et plutôt ennuyante, ma route m’emmène à travers des forêts où ici et là je croisent un village, parfois quelques simples huttes où les habitants sortent de leur somnolence pour me saluer, parfois un petit « centre » où se mélangent les vendeurs de fruits, le barbier, le boulanger faisant face au restaurant local où je mange pour 1$ ainsi que de nombreux bars qui servent à rassasier en alcool les villages environnants. Dans ce dernier la musique est puissante, désagréable, et l’alcool sent loin.

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Ma route m’emmène à travers des forêts

Je passe mon chemin, poussant mon Cargo dans le sable poussiéreux qui se mêle aux maisons, à peine arrêté par la porte d’entrée. Une femme, son bébé joliment accroché à son dos, me vend 4 tomates pour quelques centimes. 4 tomates qui accompagneront le poisson et le Nsima, ce plat local, sorte de polenta de farine de maïs un peu fade. Ce sera mon repas.

Même si les nuits sont fraîches et agréables le soleil est africain. En Zambie c’est peut-être lui le plus agressif.
C’est en me retrouvant sous son rayonnement pour plusieurs heures que je m’en rend compte en avoir perdu l’habitude. Il n’est pas midi que je sèche comme un poisson au désert. La gorge sèche je m’arrête au premier shop où je m’achète un coca froid. Et puis je reprends ma route, me faufilant entre ces énormes trous qui se trouve ici et là sur la route, obligeant camions et autres bus et voitures à faire de gros zigzags sur la route. Les apercevant de loin, j’aperçois ces 4 roues se rapprocher de moi à une allure parfois proche de celle du pas, tournant ridiculement autour de ces trous avec le but de n’y mettre roue. Comprenez, parfois Les trous atteignent près d’1 mètre de profondeur. Suffisant pour détruire une voiture qui s’y egarerait à bonne allure.

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me faufilant entre ces énormes trous qui se trouve ici et là sur la route

Mes journées se passent tranquillement, de temps en temps « perturbée » par l’une ou l’autre rencontre y amenant un peu de vie. Un sourire aux gamins qui me suivent dans certains villages. Un coup de nerf sur les « mzungu mzungu » incessant que me crie un ado. Au « mzungu » il ajoute rire et sifflement puis quelques « money money » puis, à vélo, se rapproche du mien et continue de plus belle malgré mes constantes demandes, polie, de se calmer. Énervé je finirai par lui rentrer dedans. Il s’enfuira, toujours en riant aux éclats.

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Un sourire aux gamins qui me suivent dans certains villages.

Puis je reprends ma balade qui se déroule à l’allure de la vie, croisant tantôt des vélos chargés, tantôt hommes et femmes à pieds, portant charge sur leur tête. L’allure de la vie en Zambie c’est souvent à l’allure des pas qu’elle avance. Bien qu’une fois une route sans trous retrouvées, c’est d’une allure suicidaire que se déplace les véhicules locaux. Du pas à l’éclair on ne fait transitions.

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croisant tantôt des vélos chargés, tantôt hommes et femmes à pieds

Lorsque je rejoins Kazungula, village frontalier du Botswana, j’apperçois une file impressionnante de camions arrêté le long de la route sur 3 km. En effet pas de pont pour traverser le Zambéze, ici on emploie un ponton sur lequel on ne met que deux camions à la fois. Il doit y en avoir une centaine et le ponton met plus d’une demi-heure pour faire l’aller retour.

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j’apperçois une file impressionnante de camions arrêté le long de la route sur 3 km.

« Je suis arrivé hier! » me dit un camionneur.

« Hier? Es tu sérieux ? » Lui repondis- je.

« oui mais ne t’en fais pas, avec un peu de chance demain je passerai de l’autre côté. »

« Comment ça un peu de chance, deux jours pour traverser une frontière c’est de la chance ? »

Il me rit au nez énergiquement « normalement cela dure une semaine!!! »…

Rouler à s’en tuer pour attendre une semaine à la frontière pour la passer… L’Afrique est bien mystérieuse parfois.

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avec un peu de chance demain je passerai de l’autre côté. »

Proche de Dieu

Et puis encore une fois je reprends mon paisible chemin, dormant facilement dans le bush puis à Linvingstone dans une mission catholique où l’on m’offre une chambre et un bon repas avant de refaire la vie avec le prêtre brésilien qui s’amuse en regardant les JO qui se déroule près de chez lui. L’équipe britannique féminine de rugby à 7 ecrase sa concurrente japonaise. 26 à rien à la mi-match… Puis on parle des élections de jeudi prochain, mes toutes premières en Afrique.

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Je reprends mon paisible chemin, dormant facilement dans le bush

« il ne faudra pas voyager ce jour là «  me dit le prêtre.

« ah oui? Les gens manifestent ici aussi? »

« non non, ou plutôt ils manifestent leur joie. Ils font la fête et les routes deviennent dangereuses sous l’effet de l’alcool. »

Et puis je m’endors, mi bouffé par ces moustiques que je déteste à nouveau plus que le diable. Je m’endors proche de Dieu, paisiblement.
Et au matin le prêtre vient me réveiller:
« le petit déjeuner est prêt ! »

La journée n’a pas commencé qu’elle est déjà bien commencée. Dieu est avec moi ce matin…

 

Olivier Rochat

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