A l’aube du 11ème jour

Km 995, Idrija, Slovenija.

A la découverte de Soi-même

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Partir seul, à la découverte de soi-même

Partir seul. A la découverte du monde. A la découverte de soi-même.
Partir seul et ne faire confiance qu’à soi-même. Faire de la solitude ton alliée et non pas ton ennemie.
Apprendre à prendre les choses telles quelles viennent, telles quelles sont. Et puis se servir de ce que tu as de mieux en toi, de ce qui te différencie des autres, pour vivre ce que tu es de mieux. Par toi-même. Vivre par soi-même. Réfléchir avec sa tête et non pas celle que tu a envie que les gens voient.
Être soi-même dans ce que je appelle : cette image de société.
Ce matin je me réveille à Idrija, en Slovénie. Au milieu d’un océan de découverte

10 jours déjà

Voilà déjà 10 jours que je suis parti. 10 jours déjà.
Après 10 jours ma route devient ligne. L’horizon est infini. Et lorsque ça grimpe ? Je sais que j’arriverai au sommet. J’ai le temps pour ça. Oui j’ai le temps.
Après 10 jours seul, le temps n’est plus le même. Il ne fonctionne plus pareillement. Ces 10 premiers jours m’ont mené là, à l’aube du 11ème. Il y avait le 1er jour où j’ai quitté ma maison.
Il y avait le 2ème jour ou mon 1er réveil dans ma tente. Le 3ème, un peu perdu bien que convaincu. Puis vinrent les 4ème, 5ème, 6ème etc… tous avaient un rôle défini. Tous me menaient quelques part, au jour suivant. Parfois la beauté d’un col ou d’une vallée, voir le passage d’une frontière, modifiait la perception de ce jour. Pourtant chaque jour était défini et dans un ordre croissant, de 1 à 10.

A l’aube du 11ème jour

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Le 11ème jour, un jour qui dure, dure, dure…

Ce matin, à l’aube du 11ème jour, c’est différent. Ce matin mon quotidien est passé de cycle à ligne. Une ligne que je suis et où chaque mètre est une découverte. Où chaque mètre est l’inconnu. C’est un peu un jour qui dure, dure, dure… un jour inconnu et c’est bien là toute sa beauté et sa valeur. Oui car ce jour là, il pourrait venir en 14ème ou 37ème position que je n’y verrais rien. L’ordre a disparu. Mes points de répères sont en constantes évolutions et je m’identifie à ce personnage, à mon personnage, que je dois apprendre à connaître pour mieux le protéger. Pour mieux me protéger.
Ma seule structure au fond, c’est mon compteur. Il est là pour m’empêcher de me noyer dans cet océan de découverte.

Idrija, Slovenija

Ce matin je me réveille à Idrija, petite ville charmante de Slovénie. La Slovénie, petit pays charmant de l’ex-Yougoslavie, j’y suis entré hier. Ici c’est tranquille, tout à l’air de fonctionner sans accros. La vallée de la « Soce » (Sotché), par laquelle je suis entré en Slovénie, fût magnifique en tout point.
Et superbe à rouler. Route en bon état, température idéale et ces vastes montagnes qui m’entourent à travers lesqeulles je m’engouffrent. Verdoyantes et très raides, habitées par de petits villages qui me rappellent parfois « le Seigneur des Anneaux ». Elle est bien loin l’Italie, chaude, parfois touristique, bouillonnante… Ici tout est paisible…
Peut être que mon seul ennemi ici, c’est l’ennui au fond. Je ne parle pas slovène et j’ai beau m’arrêter dans les villages pour faire causette, j’ai bien du mal à trouver à qui parler.

Slovénie, Suisse de l’Est

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Tranquille et paisible: Slovénie, la Suisse de l’Est.

La Slovénie c’est aussi un très petit pays, peu peuplé. Là aussi les voitures s’arrêtent au feu rouge, laissent passer les piétons, et parfois font même un écart où attendent sagement derrière moi lorsque le dépassement est trop risqué. Moi la Slovénie je l’appelle la Suisse de l’Est. A tort où à raison je n’en sais rien. Et puis les Alpes se terminent là, en Slovénie. A l’ouest de ce pays.

 

C’est donc là que je porte mon dernier regard, avant deux ans, sur ce qui fût, pendant près de 8 ans, mon quotidien : les Alpes.
Ces mêmes Alpes que j’ai traversées pour arriver là, à Idrija, à regarder derrière moi sans appercevoir le moindre glacier à l’horizon, le moindre sommet, le moindre col… quelques part je suis perdu. Perdu dans cet océan de découverte. Mais au fond, je le sais je suis gagnant, car totalement ignorant, tel un enfant. Un enfant dans le corps d’un jeune homme de 24 ans. Qui plus est, est plutôt entraîné.  C’est le pied! Total!
Ce matin, à l’heure du petit déjeûner, la Slovénie se fait grise, presque pluvieuse. Ce matin l’automne est bien vivant à Idrija. Ce matin je continue ma route en Slovénie.
Cette route devenu ligne. Ce cycle devenu ligne…
Cette ligne, la mienne, devenue océan de découverte et dans laquelle parfois j’ai peur de me noyer, de ne plus m’y retrouver. Cette ligne que je pédale, et c’est là ma seule structure. Et pour l’instant, ma seule identité. Alors, chargé comme deux chameaux, devenu léger avec le temps (ou alors est-ce mes jambes qui se sont musclées?), je reprends ma route. Je continue ma ligne… Au milieu de cet océan de découverte grâce auquel, petit à petit, j’apprends à nager.

Olivier Rochat

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Tel un enfant ignorant, je continue ma route au milieu de cet océan de découverte. Un enfant dans le corps d’un jeune homme de 24 ans.

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