Km 20’195, Blantyre, Malawi.
-Un pas de plus, un pas quotidien. Un pas de plus au sud du Malawi-
Me voici maintenant à Blantyre, la deuxième grande ville importante du Malawi après Lilongwe, la capitale. Ces derniers jours ont été montagneux, difficile, surpeuplé et historique! En effet j’y ai pédalé mon 20’000 ème kilomètre depuis Lausanne entre les plateaux de Zomba et Mulanje, au sud du Malawi.
Le compteur a parlé
20’000 km, c’était écrit sur mon compteur. A 14h45. Au jour 342. Le 22 août 2015, deux mois exactment après mon entrée au Malawi.
342 jours qui n’ont pas changé ma vie mais qui petit à petit en change sa perception. Un peu.
Me voici en gros à la moitié de ce voyage que j’espère pouvoir pédaler jusqu’au bout. Me voici toujours en Afrique australe, depuis un moment et pour un moment encore…
Le Cap est encore loin et pas du tout dans mes pensées, j’ai trop à voir et trop à tourner avant d’y arriver. D’ici là le compteur à tourné…
20’000 c’était écrit. »
Au pied du Mont Mulanje, la plus haute montagne du Malawi
Ici l’hiver australe touche à sa fin. En avance. Les 30°C sont atteints. Bientôt ils seront dépassés. Sur la route qui mène autour du Mont Mulanje, la plus haute montagne du Malawi et de la région (Sapitwa peak culmine à 3’002 mètre d’altitude), le vélo est roi. Bon marché, accessible à tout un chacun. Ainsi j’en aperçois des centaines autour de moi durant cet après-midi chaleur grimpante.C’est peut-être un signe. Mais peu importe.
Les pistes ne sont pas loin, la montagne non plus, mais voici que le compteur a tourné. Au sud du Malawi, à quelques kilomètres d’un Mozambique qui se fait attendre et risque de se faire attendre encore un peu…
Puis les pistes sont réapparues, poussiéreuses, ondulées, sableuses puis surtout surpeuplée! En effet cette région est la plus peuplée d’Afrique australe mais à défaut de gros centre c’est comme un énorme village que je remonte. Sur tout le tour de l’imposante montagne il m’est impossible de trouver ne fût-ce qu’un seul endroit tranquille, un espace libre sur le bord de la route. Les maisons sont construites les unes derrière les autres me donnant l’impression étrange de traverser un village infini. Certes ce n’est pas la circulation d’un centre ville mais tout de même, il y a du monde partout tout le temps. Et puis je n’aperçois presque pas de voiture. Peut-être 5 en deux jours sur les 60 km de pistes autour du Mont Mulanje.
La première nuit, passée à l’approche du massif fut dans un premier temps cauchemardesque. Dans un décor d’apocalypse, entouré de tente d’UNICEF offrant un logement provisoire à quelques uns des 500’000 malawites qui avaient perdu leur toits l’année dernière lors de pluies records, une brume montante, une nuit tombante entouré d’une misère, celle de la population qui derrière mes roues s’écrient « Mzungu Mzungu Mzungu » sans discontinuer ni méchanceté mais avec le pouvoir de m’épuiser. Le tout renforcé par la forte odeur provoqué par les feu de brousse qu’on effectue un peu partout, n’importe comment mais à la fois.
La différence avec la nuit d’hier, fraîche, passée à côté d’un lac rempli de truites, à 1’600 mètres d’altitude sur le beau plateau de Zomba, est marquante. Du tout au tout.
Finalement je passerai ma nuit comme souvent, en demandant au premier venu, en l’occurrence un jeune marchand de frites, si je peux planter ma tente à côté de sa maison.
Au milieu de 15 gamins, dans un noir profond, monter ma tente. Puis faire causette à tout ce petit monde. Enfin se quitter sur une photo pour ne pas s’oublier.
Néanmoins le lendemain les vues sur le massif sont belles et changeantes, notamment lors de l’ascension caillouteuse et caniculaire du col de Fort Lister. Une route aujourd’hui très peu utilisée et en mauvais état qui fût, durant le 19ème siècle notamment, une route importante pour le transfert des esclaves Yao en direction du Mozambique et bien sûr de l’océan d’où ils furent acheminés en occident.
Au final j’aurai rejoins Mulanje, petite ville qui porte bien son nom, au pied du massif du même nom. Avec une vue superbe sur la montagne depuis les grandes cultures de thés, les plus vieilles et importantes de tout le pays.
Me voici ce soir à Blantyre. Sans vraiment savoir où je vais continuer, si ce n’est pour sur l’une des nombreuses frontières avec le Mozambique, je sais où je suis: toujours au Malawi.
Après 9 semaines au Malawi…
Pour les parrains
Un grand merci aux parrains qui depuis le début de mon voyage ont permis de récolter 11’476,55 CHF qui seront reversé entièrement en faveur de l’éducation en Afrique.
Un grand merci également aux membres actifs de Bike for Africa pour le travail accompli bénévolement pour le bon fonctionnement de l’association.
Salutations particulière à Ludo, César, Jean et Neits pour leur fidèle et grandissant engagement me permettant de pédaler aujourd’hui sans trop me soucier des démarches administratives et de tout ce que demande le bon fonctionnement d’une association. Pour la mise en page des « écrits de la route », les envois aux parrains et tout le reste. Merci pout tout.
Olivier Rochat
Cher filleul,
Ton double parrain pense que c’est plutôt toi que nous devons remercier pour ce périple et non le contraire. Notre contribution paraît bien modeste comparée à tes tribulations… D’ailleurs, quel luxe inouï que de pouvoir partager ton périple, aussi rocambolesque que grandiose, bien installé au sein de nos confortables existences de Mzungu gâté (bien à l’abri d’ailleurs des jets de cailloux éthiopiens…)!
Merci aussi de nous rappeler que les vraies valeurs n’ont pas grand chose à voir avec notre richesse pécuniaire qui est, sans doute, une pauvreté eu égard aux sourires malawites dont tu nous parles si bien et que tu peines (que c’est compréhensible!), à quitter. Continue donc de t’aiguiser le regard tout en nous ouvrant les yeux et, surtout, n’oublie pas de bien prendre soin de toi sur le chemin du Mozambique.
Toute la tribu de Baulmes t’embrasse et te félicite pour ce 20 millième kilomètre!
PS: Quelle magie que la lecture à Tomas de ta réponse du mois passé!