De mot à meute

Km 7’835, Cafétéria du désert, Egypte.

Ben voilà, le désert se termine…

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Enfin pas le sable qui m’accompagnera encore pour quelques centaines de kilomètres, mais cette cafétéria d’où je me trouve, à 60 kilomètres de Luxor, marque la fin de la route des oasis et le retour dans la vallée du Nil. Dès lors je n’aurai plus qu’à me laisser filer, vent de dos, sur une bonne centaine de kilomètres jusqu’à Aswan d’où je pourrais enfin faire ma demande de visa pour le Soudan. Ici c’est le début du désert de Nubie, enfin pas encore tout  à fait mais les gens, les mentalités changent… Beaucoup de nubiens vivent ici et se mélangent aux égyptiens, plus « clair » de peau que les nubiens.

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Ici c’est le début du désert de Nubie, enfin pas encore tout à fait mais les gens, les mentalités changent

Retour « en arrière » et dernière ligne droite dans le désert

La mondialisation s’est prise un sacré coup dans la gueule, on boit toujours autant de thé (sucré à mort le thé) , fume la Shisha plus que de raison et la vie n’est vraiment pas cher. Tu manges facilement pour 3 euros, parfois moins…

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Cela dit la dernière ligne droite du désert fût sacrément pénible…. Plus de 200 kilomètres sans rien à se mettre sous la dent. Si ce n’est ce vent, violent. Finalement j’aurai même terminé les 50 derniers kilomètres dans un camion qui me poussa un bout, jusqu’à cette cafétéria d’où je me trouve. J’ai demandé un peu de « Maya » (eau) au conducteur… il m’a offert à manger pour trois et m’a poussé le dernier bout… Il a même fini par m’offrir quelques (!) thés et la Shisha dans cette cafétéria d’òu ce fût une petite émeute pour marquer mon arrivée…

Oui les égyptiens sont comme ça: toujours souriant mais tu ne sais jamais vraiment à quoi t’attendre. Parfois ils te demandent 5 euros pour gonfler un pneu, parfois ils te poussent sur 100 kilomètres t’offrent à boire et à manger et à la fin te proposent de l’argent pour dormir…Parfois Nil parfois désert, entre rien et tout!

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L dernière ligne droite du désert fût sacrément pénible…. 200 kilomètres sans rien à se mettre sous la dent.

Gastro? Souvenir!

Finalement la route des oasis aura été une belle aventure pour moi. De beaux paysages par moments, la surprise du vent qui finalement est venu de l’ouest et non du nord comme prévu; ce qui m’a valu une deuxième partie bien plus facile que la première. Et puis donc… Ma première gastro l’autre jour. Violente! 6 jours de repos tout de même et quand je suis reparti je n’étais pas tout à fait remis, mais étouffé par cette petite ville-oasis de Dakhla qui commençait à m’étouffer et me rendre plus malade que je l’étais déjà…

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Finalement la route des oasis aura été une belle aventure pour moi.

Enfin c’est donc sur mon vélo que je me suis remis sur pieds. Ou plutôt sur pédalier!

Faut dire qu’à force de bouffer toujours la même chose elle devait bien arriver cette gastro. C’est qu’il me sort par la tête ce pain « aesch » répétitif, ce « foul » (fêve) qu’on mange à longueur de journée, ce « gibné » (fromage) trop mangé pour être apprécié longtemps, ce thé, « Shaï », ultrasucré que l’on boit litre après litre. Putain moi j’ai rêvé d’un MacDo, d’une barre de chocolat Caillers où de je ne sais quoi qui me rappelle chez moi!

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Nourriture égyptienne

Et finalement je l’ai trouvé mon pot de Nutella! Enfin « Nussa » qu’ils appellent ça. Ca m’a coûté quoi, 3 euros, mais putain c’était bon, trois jours durant à grignoter cette grasse chose dans le désert. Sérieux j’crois qu’à un stade ta besoin de retrouver quelque chose qui te rappelle chez toi, et la bouffe ça monte directe au cerveau et c’est peut-être le meilleur moyen pour te rappeler chez toi. Bizarre car la Nutella j’en bouffe pas d’accoutumée… Enfin j’l’ai acheté en pleine gastro et quand j’y ai touché c’est là qu’elle s’est arrêté, la gastro alors j’suis remonté en selle et que j’suis reparti. J’dis pas que c’est à pot de nussa que j’ai guéri d’une gastro, mais j’crois quand même qu’à un certain stade être malade c’est plus une attitude.

Bientôt le Soudan! (?)

Bref de mot à meute me voici là, aux portes d’Aswan. Encore 150 kilomètres environ. Mais oui de mot à meute car ici c’et l’émeute, et si mes maux sont partis les egyptiens ne manquent pas de mots, eux: « Agale, Agale, Agale (vélo),!!! » crient-ils et moi qui répond « Swissra, swissra, swissra » et eux d’un « Basel good », en référence au club de foot bâlois où joue un égyptien, continue la « discussion ». Et puis enfin  je dis « Kwaice, Kwaice » pour dire que tout va bien mais qu’en criant ça n’ira pas mieux! Mais l’ambiance est toujours aux rires!

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Bref de mot à meute me voici là, aux portes d’Aswan.

De mot à meute, émeute après émeute, quoique qu’émeute soit un tant soit peu exagéré, me voici là, dans une cafétéria, entre le désert et la surpeuplée vallée du Nil, aux portes d’Aswan, dernière ligne droite avant le Soudan.

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Une cafétéria, entre le désert et la surpeuplée vallée du Nil…

 Olivier Rochat

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