Le Caire après désert

Km 6410, Le Caire, Egypte.

Le Caire… comment dire? Que faire? KO city j’dirai pour rire! Mais moi ça m’fais pas rire, moi je me perds, si ce n’est ma poésie, dans un monde comme celui-ci. Dans une ville comme celle là. Oui, UN MONDE car le Caire c’est déjà un monde. Tu sais Lausanne c’est quoi, 150 X plus petit. Et puis la Suisse, mon p’tit pays, ben elle compte… 3 X moins d’habitants que le Caire… Mais pourquoi parler chiffre au milieu de tout ça? Au milieu de ce monde extraordinaire posé là, à côté du Nil mais si près du désert. De cette ville énorme, une mégapole comme le monde en connaît quelques unes. Oui quelques unes mais pour moi c’est Le Caire. LE CAIRE!!!!! Même le I du milieu il est grand ici. Tu comprends? Oui tu comprends… Le SOUK, les pyramides et tout le reste. Un moment sur un rond point j’étais en face de 6 voiture. Enfin quelques milliers en fait mais 6 voitures de front. Au front de moi. 6 voitures qui attendaient là et sans la moindre patience, c’est le moins que l’on puisse dire, que le policier baisse son bras et qu’ainsi elles puissent foncer jusqu’au prochain rond point, quelques mètres plus loin. Et recommencer à klaxonner jusqu’à exploser. Parce que le Caire, en plus de tout le reste, c’est un vaste bruit au milieu du désert. Bref j’ai réussi, j’ai survécu. Survécu au Caire. Et laisse-moi te dire que si j’ai survécu au Caire, je survivrai bien au désert.

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Le Nil, au Caire, en Egypte.

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Le Caire, en plus de tout le reste, c’est un vaste bruit au milieu du désert.

Le désert avant le Caire

Sur la route du Caire, entre Suez et le Nil… Dimanche 14 Décembre 2014 (pour faire genre: je fais attention à quel jour on est!)
6 h 43 (pour faire genre: je fais attention à l’heure qu’il est!).

A l’instant même où je m’apprête à reprendre ma route, le soleil franchit l’horizon. En quelques secondes le voici qui le surplombe. Très vite le thermomètre grimpe et bientôt j’en ai le dos qui transpire mais les mains, cachée par ce dernier, toujours gelées. Pour me voir dans un corps homogène il me faudra attendre encore quelques instants qu’il monte encore plus haut. Pas de souci ici il monte vite, le soleil.

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A l’instant même où je m’apprête à reprendre ma route, le soleil franchit l’horizon.

Ce soir déjà se terminera mon troisième mois sur la route. 3 mois déjà et ce matin je me réveille dans le désert. Ce fût donc ma première nuit dans le désert. Bien caché, dans mon sableux sac de couchage, entre deux camps militaires. Malgré leur interdiction… « En plus j’ai pris des photos messieurs les militaires…! » Peu m’importe moi tu sais j’dis désert mais en fait pas vraiment. Enfin juste une centaine de kilomètres entre Suez, là où le canal du même nom rejoint la mer Rouge, et le Caire, que je m’apprête donc à rencontrer.

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Ce fût donc ma première nuit dans le désert. Bien caché, dans mon sableux sac de couchage, entre deux camps militaires. Malgré leur interdiction…

Une centaine de kilomètres dans le désert. Donc. Et pas un village… mais une dizaine, quand même, de camps militaires, même camps à chaque fois. Ou comment confondre l’inutile et le désagréable.

Bref peu importe j’ai pris mes photos là où j’avais le droit ( c’est à dire sans militaires, ni armes, ni quoi que ce soit qui s’en rapproche) les militaires ne m’intéressent pas puisqu’ils me rappellent chez moi et que je ne suis pas venu là pour ça!

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Bref peu importe j’ai pris mes photos là où j’avais le droit ( c’est à dire sans militaires, ni armes, ni quoi que ce soit qui s’en rapproche)

Et avec vent de face ( sacré con!) je me dirige, à 13 km/h, en direction du Caire. 60 km encore. C’est rien. Ce soir j’y dors. Demain j’y reste. Pour deux semaines…

L’entrée au Caire

Il fut un temps pas si lointain où je trouvais Budapest énorme. Et puis j’ai découvert Istanbul et quand je vois que le Caire compte quelques millions d’habitants… de plus qu’Istanbul, qui elle même est 7 X plus grande que Budapest, je me dis que j’ai encore un bout avant d’apercevoir la place Tahrir et qu’en Égypte (comme dans toute l’Afrique) ce n’est pas le désert qui est à craindre, mais bien la circulation.
Est-ce à croire que Budapest me manque? Peut-être un peu (je me comprends).

Et puis peu à peu le Caire s’est fait proche, le Caire est venu. Mais avant de dire que le Caire fût, je vais dire que le Caire est…

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Le Caire est là puisque j’y suis.

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J’évite ainsi de me faire écraser, passant mon temps à éviter les dalles.

Le Caire est là puisque j’y suis! Ca a commencé bien avant d’y être en fait. Déjà, quelque dizaines de kilomètres avant les premières maisons (immeubles), la route est devenue bondée. Plus de camions. Plus de voitures. Deux voitures deviennent trois. Trois deviennent cinq. Cinq deviennent neuf… C’est exponentielle cette histoire là alors une route qui rejoint la mienne qui mène droit sur le Caire, puis une autre et enfin ma route est maintenant une 5 voies. Comment m’y retrouver au milieu de tout ça si ce n’est en roulant sur une sixième voie, la mienne. Celle du sable. En bord du route.  Entre des grosses dalles, morceaux de routes défoncées. J’évite ainsi de me faire écraser, passant mon temps à éviter les dalles.

Le Caire 25 kilomètres…

Alors j’aperçois enfin les premiers immeubles. Vides. Complètement vides. C’est un peu comme une ville en construction. Vide de sens mais bientôt plein de monde. Le monde qui viendra bientôt peupler encore un peu plus cette énorme cité, déjà riche d’un peu plus de 20 millions d’habitants. 20 millions… C’est beaucoup de monde pour un désert. Oui car ici c’est le désert. Il ne pleut jamais, ou presque. Un jour par mois tout au plus. La dernière fois qu’il a plus c’était au mois de septembre ! me diras un habitant du Caire. Une heure de pluie pour… 10 cm d’eau dans les rues.

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Enfin bref j’ai laissé cette ville fantôme derrière moi, puis peu à  peu j’ai avancé, me rapprochant du centre. Mais cela demeure Du domaine de l’impossible pour le petit Suisse que je suis... Perdu, on m’a invité. On m’a aidé à me retrouver. On m’a offert le thé. La shisha aussi. Me voici là et les égyptiens sont ce qu’ils sont et la plupart du temps je dois bien dire qu’ils sont quand même incroyable. En effet, ils s’appellent tous Mohamed mais malgré ça arrive à se distinguer. Incroyable!  Non sérieusement je fais de belles rencontres. Parfois les ados me provoquent. Me courent après ou me crient dessus. Mais lorsque je m’arrête, parle un peu, deux trois mots à peine, toujours on s’y retrouve et c’est de belles rencontres, de beaux moments. Une ou deux photos et puis parfois même qu’on se comprend. Et y en a qui s’appellent Ahmed aussi. Pas que Mohamed.

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Mohamed Hussein « Shisha man » (un parmi d’autres)

Le Nil au milieu du Caire

Finalement, sans avoir retrouvé ma route, je suis arrivé au bord du Nil, je sais pas trop comment. Mais j’y suis arrivé.

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Finalement, sans avoir retrouvé ma route, je suis arrivé au bord du Nil, je sais pas trop comment. Mais j’y suis arrivé.

Imagine le Nil, énorme, avec des buildings autour de lui. Oui il est fini le temps des pharaons… J’avais rendez-vous 10 kilomètres au sud de la place Tahrir alors que j’étais 5-6 kilomètres au Nord de celle-ci. Presque 20 kilomètres à longer le Nil. Enorme Nil, source de vie, source d’espoir et aujourd’hui immense dépotoir à l’instar de certains (tous?)  grands fleuves du monde. Après de longues recherches et beaucoup de chance j’ai trouvé ma chambre où je suis accueillis chez un ami français, proche du lycée français. Me voici donc posé là, au milieu du Caire, trois mois de route derrière moi.

Ce matin je me réveille petit homme de rien au milieu de millions de fourmi alors qu’hier encore je me réveillais au milieu de rien, perdu dans le désert du regard de l’infini…

Olivier Rochat

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Hier encore je me réveillais au milieu de rien, perdu dans le désert du regard de l’infini…

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