TanSwiss Lodge: parfum de nostalgie au milieu des babouins

Km 17’088, Mikumi, Tanzanie

La soixantaine, le regard vif et tranquille, un sourire réconfortant et confiant, bien vivant et souriant, nous avons découvert Joseph. A l’instant où mon frère connaissant ses premiers difficiles -et liquide- mots d’estomacs, sans traduction possible, nous avons rencontrés Joseph qui simplement mais très efficacement nous a offert l’hospitalité et de quoi nous reposer dans de bonnes conditions avant d’entamer la difficile montée sur les hauts plateaux.

Mon appareil photo à nouveau en panne lors de cette rencontre, ce récit ne contient que très peu de photos. Les photos ayant été prises avec nos téléphones portables.

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La soixantaine, le regard vif et tranquille, un sourire réconfortant et confiant, bien vivant et souriant, nous avons découvert Joseph.

 

Parenthèse suisse-allemande au milieu de la Tanzanie

Peu après la traversée du connu parc national de Mikumi, où les girafes, babouins, zèbres et autres bêtes sauvages ont été sur notre route, nous apercevons sur notre droite un petit drapeau suisse juste à côté du tanzanien. Juste à côté du drapeau il est écrit: « TanSwiss Lodge Restaurant »!. Qu’elle n’est pas notre surprise, un Suisse en Tanzanie!!! Nous décidons de nous arrêter. Posant nos vélo juste à côté de l’entrée nous voici accosté par un petit homme, un tanzanien, vêtu d’un étrange costume gris où il est écrit en jaune et sur la poitrine « HORGEN ». Un habit que mon frère, avec un sourire non-masqué, identifie rapidement comme un habit de la PC (protection civile). Nous voici bien dans une enclave suisse -et inconnue de l’Atlas- située à la sortie ouest du parc national de Mikumi. Souriant bien que perdu dans son habit, l’homme, aussi peu à l’aise que rigolo, nous souhaite la bienvenu tout en prenant garde sur nos vélo. Et en effet en entrant nous découvrons un peu de la petite Suisse en Tanzanie, heureusement sans trop de folklores pompons et autre patriotismes déplacé… Un bar propre, des cartes postales types, un restaurant avec un coin canapé, une salle à manger plutôt classe et des petites maisonnettes peintes de fresques au styles africains où se mélangent chamois, marmottes, girafes et autres éléphants.

Puis c’est un homme, un autre tanzanien, cette fois vêtu d’une élégante mais banale chemise blanche et non pas d’un habit gris de la PC, qui vient prendre notre commande: « Espresso et thé froid maison pour mon frère et Cappuccino thé froid maison pour moi »… Le tout pour 5,5 US Dollars. Bien que naturellement plus cher que ce que l’ont trouve au quotidien dans les villages de Tanzanie, cela reste bon marché. Après une bonne heure de pause café, le premier café pour moi depuis Kigali, alors que nous nous apprêtons à partir, Joseph, le propriétaire, nous rejoins.

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Joseph

Petit et chauve, la soixantaine, le regard vif et tranquille, un sourire réconfortant et confiant, nous avons découvert Joseph. Voici plus de 14 ans que Joseph vit ici en Tanzanie. Aujourd’hui marié à une tanzanienne il a ouvert son propre business, TanSwiss Lodge, à la sortie ouest du parc national de Mikumi. Grâce à celui-ci il offre à des prix abordables petites et grandes restaurations, chambres, appartements ou camping. Quel surprise donc de se retrouver à parler le suisse-allemand (enfin surtout pour mon frère moi je faisais semblant de comprendre) juste après avoir aperçu nos premières girafes, zèbres et avoir pic-niqué juste à côté d’un varan qui nous surpris au bord d’un petit lac.

Joseph vient du Muotathal, une sauvage vallée située dans le canton de Schwyz. J’avais découvert moi-même cette vallée pour la première fois peu de temps avant mon départ. Après avoir grimpé le Pragelpass depuis Glaris, j’avais rejoins Schwyz par la fameuse vallée du Muotathal. Une vallée belle et sauvage que n’oublieront pas les amoureux de la montagne qui l’ont découvertes. C’est donc pour moi instant nostalgie que de rencontrer Joseph. D’ailleurs les mûrs de la salle à manger sont peints d’une fresque représentant la vallée du Muotathal, du Matterhorn et d’une autre peinture africaine donnant une atmosphère particulière et différente au lieu. On sent là un brin de patriotisme hélvète sans pour autant devenir plombant grâce notamment au styles de peintures qui reste africain.

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le Pragelpass depuis Glaris

Cependant Joseph connaît bien la Tanzanie et aujourd’hui il est presque tanzanien. Officiellement non car la Tanzanie n’accepte pas de bi-nationalité, c’est à dire que pour obtenir la nationalité tanzanienne Joseph aurait du rendre son passeport suisse. Bien sûr même s’il se plaît bien en Tanzanie rendre la nationalité suisse serait trop risqué, notamment si un jour il s’en venait, pour une raison ou pour une autre, à tout perdre. Il nous explique alors la corruption qui règne ici en Tanzanie, les taxes incroyables que les étrangers installés ici doivent payer, les amendes que les policiers se mettent en poche. Mais aussi, honnête, il nous fait part de plusieurs réalité que nous autres européens avons bien du mal à accepter lorsque nous venons en Afrique.  A commencer par les incapacités à fructifier des projets humanitaire qui, dès que les blancs rentrent à la maison, ne tournent plus ou partent à l’abandon. Lui de son côté a eu besoin de 10 ans pour former son personnel, nous dit-il. Avant cela dès qu’il prenait ne fût-ce que 3 jours de vacances son hôtel-restaurant-camping ne fonctionnait plus. Le restaurant ne tournait plus, les toilette et douches n’étaient pas lavées et les employé ne notaient pas les commandes correctement et gardaient les sous pour eux.

C’est donc avec beaucoup beaucoup de patience et de persévérance que Joseph a  pu installer dans cette Afrique pas si facile, malgré un climat agréable, sa petite affaire qui aujourd’hui marche plutôt bien. La nourriture  y est excellente et peut-être bien la meilleure que j’ai pu goûter sur continent africain, les toilettes sont propres et accueillantes du Lundi minuit au Dimanche minuit (ce qui change, croyez-moi, du reste du continent), l’eau des douches y est chaude bien que la température extérieure ne l’oblige pas vraiment et les places de camping sont grandes et propres avec beaucoup d’ombres mais la possibilité de s’installer au soleil également. Quant aux chambres et appartements je n’ai pas eu l’occasion de les tester.

Un peu de repos avant de continuer sur les hauts plateaux

En fait Joseph, en apprenant que je traversais l’Afrique à vélo, nous à généreusement invité à planter nos tentes. Ce que nous n’avons bien sûr pas refuser. Une petite nuit tranquille, après toutes ces nuits passée dans la nature où avec les locaux dans de conditions m’a fois souvent douteuses, ne pouvait pas nous faire de mal. D’autant plus que mon frère commençait à tomber malade. Le lendemain, mon frère n’allant toujours pas mieux, c’est tout naturellement que Joseph nous a proposé de rester une journée- et donc une nuit- de plus. Profitant de laver nos habits, bien nous reposer et surtout (oui surtout) bien nous alimenter, nous sommes resté une journée de plus.

Profitant de la connexion internet pour mettre de l’ordre dans mes textes et autres photos, je me suis aussi, je dois dire, bien fait plaisir avec la nourriture. Spaghetti bolognaise, Steak de boeuf avec ses accompagnement de légumes, tout y a été très bon. Et si cela peut paraître simpliste pour moi cela ne l’est pas. La dernière fois que j’ai pu manger des spaghetti ce devait être en Ethiopie (mars 2015) et que dire d’un Steak? Probablement l’année passée. Sans parler des légumes et autres cafés etc. Le tout pour des prix abordables, disais-je. Bien sûr, voyageant avec un budget  qui n’a rien d’affolant je mange local tout les jours et la nourriture est presque tous les jours la même: frites-oeuf, bananes, riz et beans, viandes en bouillis ou surcuites…

Là encore Joseph a été généreux et nous a interdit de payer la somme réelle, ne payant qu’une petite partie de ce que nous avions consommé. Au moment de reprendre la route il n’a pas oublié de nous indiqué quelques bons conseils.

Naturellement, je me sentais obligé de partager cette petite histoire, qui n’a rien d’exaltante il est vrai, dans l’espoir que si un jour vous vous aventurez à travers les parcs nationaux de Tanzanie vous preniez le temps de vous arrêtez au TanSwiss Lodge.

Voici déjà le site de Joseph: TanSwiss.com

Après ce repos bienvenu mon frère ayant récupéré son estomac c’est en direction des hauts plateaux que nous continuons notre route à travers la belle, et cette fois changeante, Tanzanie.

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nous continuons notre route à travers la belle, et cette fois changeante, Tanzanie.

Olivier Rochat

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