Tiebele et la foret de Nazinga

Km 45’169, Sily, Burkina Faso.

Splendide Burkina Faso encore une fois. Alors même que commençait à s’installer une « dangereuse » routine, les dernières journées sur les pistes burkinabée mont remis la tête à l’endroit, tout du moins dans le sens de la marche.

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Alors même que commençait à s’installer une « dangereuse » routine, les dernières journées sur les pistes burkinabée m’ont remis la tête à l’endroit.

 

De retour sur la route après une pause à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, j’ai vite repris goût aux pistes mais cette fois dans la partie sud du pays.

 

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J’ai vite repris goût aux pistes mais cette fois dans la partie sud du pays.

En redescendant sur le sud c’est également un climat plus tropical que je retrouve, tel qu’auparavant au nord du Togo. L’herbe est de retour le long de ma route et les arbres remplacent les buissons du Sahel ainsi j’en retrouve une savane de plus en plus verdoyante.

De retour dans la poussière

De retour dans la poussière

Puis c’est la découverte du village traditionnel de Tiebele qui me plonge durant une heure dans un univers splendide d’une Afrique d’autrefois bien qu’y vivent encore quelques 700 personnes.

La découverte du village de Tiebele

La découverte du village de Tiebele

Les maisons sont entièrement peintes et leurs pièces principales sous le niveau du sol de telle manière que c’est un peu recroquevillé que l’on y entre. Cette architecture servaient à l’époque à empêcher les animaux sauvages d’y entrer bien qu’aujourd’hui ces derniers sont confinés dans des réserves à l’abri des Hommes devenus beaucoup trop nombreux.

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Les maisons sont entièrement peintes et leurs pièces principales sous le niveau du sol de telle manière que c’est un peu recroquevillé que l’on y entre.

L’atmosphère que dégage ce village est très particulière et ajoute un peu de « spécial » à ce pays qui m’a déjà apporté de nombreuses satisfaction. Et pourtant ce n’est pas terminé puisqu’un parfum d’aventure vient ensuite s’ajouter à la richesse culturelle et humaine du Burkina Faso.

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La richesse culturelle et humaine du Burkina Faso.

La réserve de Nazinga

Entre pluie fraîche et soleil éclatant faisant monter les températures jusqu’à 40 degré celsius, piste tantôt poussiéreuse, sableuse puis boueuse, le bonjour d’un serpent -magnifique spécimen vert au demeurant- d’un bon mètre de long et des pistes carrément coupées en deux par des rivières, chaque journée à eu son lot de difficultés, de satisfaction également.

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piste poussiéreuse et sableuse

Enfin je m’embarque dans la forêt de Nazinga, une réserve protégée où vivent différentes espèces animales.

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Les babouins qui plusieurs fois viennent me crier dessus depuis le bord de la route.

Les paysages de savanes se mélangent particulièrement bien à la faune locale et notamment aux babouins qui plusieurs fois viennent me crier dessus depuis le bord de la route.

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Puis ce sont des rivières qui traversent littéralement ma route avant qu’encore une fois la pluie vienne transformer, pour quelques heures, ma route en véritable rivière elle aussi.

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La pluie vient transformer, pour quelques heures, ma route en véritable rivière elle aussi.

Les passages tantôt sableux, boueux puis caillouteux offrent un côté épique à cette journée qui devient magique lorsque quelques centaines de mètres en face de moi, c’est tout un troupeau d’éléphants qui traversent la route. L’endroit est parfait pour observer le plus gros animal terrestre vivant à ce jour. Je profite de les observer tout en gardant une distance respectable.

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C’est tout un troupeau d’éléphants qui traversent la route

 

Voici maintenant un troupeau d’une douzaine d’individus, petit compris, qui m’offre un magnifique spectacle par leur simple présence. Ce n’est pas là la première fois que j’en aperçoit mais ça fait presque deux ans que je n’en ai plus vu directement depuis le vélo, malgré une dizaine de réserves traversées. En effet ce qu’il y a de magique en ces rencontre c’est qu’elles se font dans un cadre « naturel » -ou presque, disons qu’on est dans une réserve quand même- et non pas dans un zoo, derrière des grillages ou accompagné d’un guide de Safari que vous avez payez pour qu’il vous montre ce que vous êtes venus voir. Il y a toujours un côté mystérieux et imprévus à ses rencontres et rien n’indique que vous allez assurément apercevoir un animal. Comme ce fut le cas précédemment avec les gorilles au Congo, les girafes en Namibie et avec bien d’autres animaux encore, la rencontre ne dure parfois que quelques secondes, il n’y a pas de mise en scènes possibles.

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Il n’y a pas de mise en scènes possibles.

Mais malgré la beauté de ces espèces animales il ne faut jamais perdre à l’esprit qu’il ne s’agit pas là d’animaux de cirques et encore moins de compagnies, mais bien d’animaux sauvages qui évoluent chez eux, dans un monde sauvage où, la nature étant ce qu’elle est, c’est la loi du plus fort qui prédomine. J’évolue maintenant dans un monde qui n’est pas le mien, je suis un étranger.

Et si dans cette réserve on ne trouve pas de prédateurs à proprement parler -lion, léopards, hyènes, etc…- nul doute qu’au vu du poids de la bête, l’éléphant des savanes d’Afrique, plus gros animal terrestre -jusqu’à 6’000 kg pour un mâle adulte- le danger existe bien et garder ses distances avec la bête -en l’occurrence le troupeau- est primordiale.

En effet après quelques instants le troupeau s’en va dans l’herbe, me laissant le champ libre pour continuer mon chemin. C’est alors qu’un éléphant m’aperçois et, prenant peur, s’enfuit. C’est soudain le troupeau tout entier qui se met à courir. Et je me dois de le dire, je suis bien heureux qu’il ne courent pas en ma direction. Voici maintenant quelques dizaines de tonnes, 50’000 kg peut-être, qui se mettent à courir quelques mètres dans la savane.

Dans ce continent si monstrueux, énormes, cela fait de nombreux mois que je me sens minuscule, inutile, petite allumette perdue au milieu d’un océan trop immense, cherchant une côte qui finira bien par arriver. Une fois.

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cela fait de nombreux mois que je me sens minuscule, inutile, petite allumette perdue au milieu d’un océan dont je n’aperçoit la côte.

Ce n’est que quelques heures plus tard que la vie me ramène un peu à la dure réalité de notre espèces. Car c’est peut-être elle, le vrai danger. Quittant la réserve sur un sentier isolé je croise deux hommes posés sur une moto immobile au milieu de ce sentier sableux.

« Nous sommes en panne, quelqu’un va venir nous ravitailler. »

« Ah et qui êtes-vous? » je leur demande, intrigué par leurs habits militaires et leurs fusils-mitrailleurs qu’ils portent en bandoulière.

« Nous sommes des gardiens du parc », ce qui ne m’étonne par car ils en tout l’air. Non ce qui m’intrigue c’est leur sourire. Leur bonne humeur alors qu’ils sont coincés ici, c’est à dire quelque part mais un peu nulle part quand même -sauf si tu es un babouin, une chenille ou un éléphant – pour encore une ou deux heures.

« Nous avons attrapé des braconniers » me disent-ils en coeur. Ils ont l’air à la fois fière et heureux, et quelque part je le suis aussi. Mais nous le savons tous, ils ont gagné là un seul combat, pas la guerre.

Entre tuer pour survivre ou tuer pour l’ivoire il n’y a qu’un pas. L’humain l’a franchis mainte fois.

Sans même vouloir comprendre qu’ainsi il s’assassine. Et que personne ne viendra le sauver.

Et que son cercueil soit fait d’Ivoire ou de Bois, il finira dans le ventre d’un ver. Et que ce sera peut-être là son seul cadeau à notre Mère la Terre.

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Olivier Rochat

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