Humeur A fric!

Km 20’574, Chikwawa, Malawi.

Humeur d’Afrique. Humour sans fric. La descente du sud du Malawi continue

Me voici maintenant à Chikwawa dans le district du même nom. Mais depuis que j’ai quitté la mission de Matandani voici deux jours les pistes sont de retour, la pauvreté aussi, bien qu’elle a toujours été là. La chaleur prend de l’aise ainsi aujourd’hui il a fait bien plus de 30°C. A vue de nez je dirais 35. Hier? C’était pareil… Me voici également au pied de la réserve de Majete qui soudain attire mon attention. Le Malawi gentiment mais sûrement se termine. C’est sûr! Alors pourquoi pas, au fond, essayer de voir un Lion?  ça serait sympa de se quitter comme ça. Avec le Roi Lion en face de moi, je quitterai cet endroit, le Malawi, après avoir eu, et c’est mon droit, droit a un dernier traitement de roi. Et le seul endroit correcte pour ça au Malawi, je veux dire pour voir le Roi, c’est là, Majete. Pourtant après 170 km de pistes mon humeur en rejoignant la petite et peu intéressante Chikwawa n’était pas à la fête. Il me restait l’humeur d’en rire... Rire du sable et des cailloux, de la poussière et de tout le reste… Entre deux mensonges et mille détours.

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Humeur A fric!

 

Humeur de pistes

De retour sur les pistes je peux réaffirmer que c’est bien là, loin des touristes mais proche de la nature, parfois un peu trop d’ailleurs, que s’engrange l’expérience, les souvenirs et l’envie, poussive, d’en rire.

Par 36ºC qui plus est.

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De retour sur les pistes

Mais ce matin j’avais l’humeur un peu compliquée et il m’a fallu beaucoup d’humour pour rester calme et ne pas perdre d’énergie stupidement face aux mensonges de toutes une population qui semblait bien enclin a m’envoyer sur le mauvais chemin. Lorsque celui ci me mena a l’entrée du parc national de Majete (du mauvais côté, sur une route interdite que la Police m’a dit qu’elle ne l’était pas et a même effectué… un téléphone pour m’en assurer), il s’arrêta. Coincé là, obligé de revenir en arrière malgré les promesses policière de ce matin. Ces derniers ont eu un malin plaisir à m’envoyer sur un faux chemin… et cette désagréable impression qu’en Afrique tout ce qui est autorité n’est que corruption, tout ce qui est loi détruit le peuple car la seule loi semble t’il c’est l’argent. Et comme le peuple n’en a pas…

Mais bon j’ai retrouvé mon chemin, mon humeur et mon humour aussi. Ca tombe bien car c’est cumulant les collines entre pistes sableuses et caillouteuse que je me suis débattu a mesure que la température grimpait. Et oui l’hiver c’est sûr touche a sa fin .

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Cumulant les collines entre pistes sableuses et caillouteuse

Mon chemin quant à lui est toujours entouré de beaux paysages qui ne cache pas, encore une fois, la grande pauvreté de ces campagnes où j’ai besoin de 84 km pour trouver un seul restaurant et un village avec de l’électricité qui fonctionne. Pourtant des villages il y en eu, mais pas autant que ces vélos que je croise souvent, me rappelant qu’ici un vélo c’est bien plus qu’un cadeau: c’est comme posséder un 4×4 de luxe pour un européen.

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Bien heureux que je suis d’arriver en saison sèche le tout se fera a pied, sans grande difficulté.

Mais dans ces pistes sans 4X4 c’est parfois en poussant que l’on avance au milieu de plusieurs centimètres de sables. Lorsque soudain une rivière se dresse devant moi… Le pont est tombé. Il y a longtemps dirait on. Bien heureux que je suis d’arriver en saison sèche le tout se fera a pied, sans grande difficulté.

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c’est parfois en poussant que l’on avance au milieu de plusieurs centimètres de sables.

« Ndalama Ndalama! «  Crient certains les gosses derrière moi. Ils veulent de l’argent mais leur manque flagrant d’éducation ne leur a pas appris a le dire en anglais. Heureusement leurs mères sont là, vendant quelques miserable bananes en bord de route, pour m’offrir un sourire face à mon Chichewa.

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Bien loin, très loin, du fric, de la « surconsommence » et du traffic…

« Maswera bwanji! » je leur dit

D’un « taswera bwino » elles me souhaitent un bel après midi à moi aussi…

Me voici tout au sud du Malawi et si au nord c’était pauvre ici c’est pauvre aussi.

D’humeur d’Afrique, je continue mon chemin. Bien loin, très loin, du fric, de la « surconsommence » et du traffic…

Au sud du Malawi…

 Et en plus, je dors chez l’habitant! Car bien que pauvre il sait se faire accueillant.

 

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bien que pauvre il sait se faire accueillant

 

Le long des pistes impossible de trouver un endroit pour dormir. Bien que gêné je n’ai pas le choix. C’est vers l’église que me dirige, avec l’espoir qu’on me laisse planter ma tente dans un endroit sûr. Finalement, et comme bien souvent, c’est vers le chef du village qu’on me dirige. Pas de chance il n’est pas là pour l’instant, il va falloir l’attendre. Alors une heure durant j’ai droit aux présentations des frères, soeurs, mères, amis, filles et fils et j’en passe du chef du village. Un peu mal à l’aise au milieu de toute cette misère et éclairé à la lampe torche pour bien débuter cette étouffante nuit tropicale qui s’annonce.

Au bout d’un moment le chef arrive. Poliment, il me souhaite la bienvenue, presque honoré de me recevoir chez lui. Mais pas moyen de planter ma tente. Non je ce soir je dormirai dans un lit!

Dans les faits une simple petite natte que l’on pose par terre. Quant à la couverture je ne la servirai car me voici de retour en plaine, l’hiver, disais-je, se termine, les nuits ici sont étouffantes.

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une simple petite natte que l’on pose par terre.

Au  matin bien, de bonne humeur, je quitte toute cette famille et le village de Muondo. Reconnaissant du de l’accueil reçu, bien loin d’être le premier en Afrique et particulièrement au Malawi, et bien conscient que derrière cet accueil chaleureux il y a toujours l’attente, l’espoir, de devenir « l’ami d’un blanc ». Il est toujours difficile de vivre pleinement tous ces moments et bien que reconnaissant à mes hôtes, il y a une barrière entre nous, entre deux univers encore trop différent pour partager pleinement le même monde.

Bref… je reprend ma route, dans le sable et la poussière. Puis je m’arrête… sans carte. Ma carte a disparu! Me voici pour ainsi dire, tout nu… 46 kilomètres c’est le retour en arrière que j’ai fait pour essayer de la retrouver à tous les endroits où je m’étais arrêté hier. Le vent violent tourbillonnait m’envoyant du sable tantôt dans les yeux, tantôt dans le dos! 2 heures durant. Sans retrouver ma carte pour autant. Ma fois jusqu’au chutes Victoria je voyagerai sans carte vu que cette dernière couvrait tout ça… Mozambique, Zimbabwe, Ca va se faire à tâton. Et en profitant du réseau correcte de ce soir pour enregistrer une ou deux cartes via le net. Ainsi même en Afrique on peut dire merci à Internet.

Bref… Mwanza-Chikwawa à la base c’était 100 km de pistes. J’en aurai couvert… 182. Comme quoi. Tout ça pour perdre une carte…

Mais d’humeur d’Afrique, je ne peux qu’en rire…

 

Et continuer mon chemin en direction de la réserve de Majete.

Olivier Rochat

 

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