Aswan, entre Afrique et Orient

Km 7942, Aswan, Egypte

A Aswan, aux portes du Soudan, j’attends patiemment que mon visa me soit délivré. A Aswan, aux portes de l’Afrique, là où cesse l’Orient, là où l’Afrique débute, la gentillesse des gens, me voici au pied de mon but. Poétiquement parlant, je dirais que l’Europe n’est plus qu’un mauvais souvenir. Mais je vais me garder de le dire, à défaut de l’écrire. L’Europe, pour moi qu’il en soit, quoi qu’il arrive, restera un bon sous-venir! Poétiquement parlant mais politiquement correct également.

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A Aswan, aux portes du Soudan, j’attends patiemment que mon visa me soit délivré.

Escorté par la police jusqu’à Aswan

La police m’a escorté durant les 120 poussiéreux derniers kilomètres dans la vallée du Nil, mais finalement je suis arrivé entier à bon port… celui d’Aswan, aux portes du Soudan. Ici c’est la frontière entre Orient et Afrique… le début d’un autre monde. Pour moi bien mieux que « l’Amérique ».

A condition d’obtenir mon visa. Réponse demain! Ou dans les jours à suivre… et oui ici on est pas à un jour près. Et puis de toute façon demain il fera beau alors à quoi bon s’énerver. En effet ici la météo est faite une fois l’an: et c’est SOLEIL!!! 365 jours durant! Avec des nuages pour le 1er Avril… et de la neige le 30 février… donc du soleil le reste du temps.

Bref quoi de mieuxgamin qu’un sourire innocent pour oublier « mes » problèmes créés par mes attentes que le sourire ignorant de ce petit garçon. Petit inconnu d’Aswan qui me servit tomates et fromages que son père généreusement me proposa…

Pauvre garçon lorsqu’il me vit jamais ne cessa de rire… ahlala ce moquer des étrangers de vert vêtu…

Adieu Egypte

Bref… après 2213 km et 46 jours en Égypte, je m’apprête à lui dire au revoir, a l’Égypte, a ce petit garçon, à ce pays où le juste milieux n’est qu illusions. Ou alors c’est à toi de le créer.. Dire au revoir à ce pays plus orient qu’Afrique, plus souriant que fric. Plus poussière que lumière au fond. C’est plus qu’une question de visa maintenant…

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Un dernier pas en Egypte mais un premier pas sur ce vaste continent que l’on juge, chez moi, à coup de brève de 90 secondes dans le téléjournal. Gouvernemental qui plus est…

Mais l’Afrique pour moi, elle ne fait que commencer…
Et ça risque de durer un peu.

Au loin passe cette camionnette verte. Dedans s’entassent des chameaux betails… des ânes et des veaux. Gros et beaux.

Ici on paie comme ça alors moi qui ai pris mes cartes postales de chez moi pour montrer aux gens d’où je viens ils m’envient tous lorsque dessus on y voit des grasses vaches, broutant aux alpages de la « grossescheidegg ». Comment leur dire que chez moi pour ça on dit: « pauvre paysans! »alors qu’ici c’est une richesse…

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Aujourd’hui j’ai presque j’ai changé de monde…

Peu à peu je me sens partir. Je me sens « ralentir » et quelque part: « revenir ».
Revenir à des essentiels oublié qu’il me faudra du temps pour reapprivoiser. Du temps pour accepter. Peu à peu la route m’emporte, je me sens vivant mais en même temps rien dans cet univers de corruption où finalement je me ballade sans trop me poser de question. Parce qu’au fond cette corruption là n’est pas toujours pire que celle qui sévit, enfin se vit chez moi.

A Aswan, aux portes de l’Afrique…

Omer Keita, réfugié du Soudan

J’ai donc pu faire ma demande de visa. Sans souci finalement… deux photos passeports, deux copies de mon passeports ainsi que ce dernier, valable au minimum encore 6 mois. Ainsi que 50 dollars. Et puis deux jours d’attente au préalables. Avec moi il y avait 4 touristes japonais ainsi que deux commerçant égyptiens. Et puis Omer. Omer Keita venu tout droit du Sud-Soudan pour tenter sa chance eu Europe. Mais rattrapé par la mort de son père, il rentre au pays à peine quelques jours après être en entré en Egypte. De toute façon c’était peine perdue.

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Omer espérait naïvement obtenir un visa pour l’Italie ou l’Angleterre, pays qui le font tant rêver. Il me parle alors de Messi, Ronaldo et Xherdan (Shaqiri), le petit suisse qu’il connaît finalement mieux que moi. Il aime le foot et Arsenal, me parle des pyramides de Meroé et a bien du mal à s’apercevoir que moi le Soudan m’intéresse plus qu’un Vegas ou New-York. En discutant avec lui le long du Nil, je découvre aussi quelqu’un de calme et posé, simple et qui rêve d’une Europe que je fuis. Il ne comprend pas tout de suite l’idée saugrenue de quitter cette Europe Eldorado, même s’il est convaincu que j’ai 1000 fois raison de venir découvrir le Soudan, le plus beau pays du monde, paraît-il. J’ai bien du mal à croire qu’il existe un plus beau pays du monde, mais je veux bien croire que le Soudan ne soit pas le monstre qu’on nous montre à la télévision.

Mais Omer a quitté l’Egypte avant moi, lui n’a eu besoin que de quelques heures pour obtenir son visa, alors que moi il me faudra deux jours. Peu importe… après quelques Tahameïa (falafel) et potatoes, on s’est dit adieu pour pourquoi pas se retrouver dans quelques jours à Khartoum, capitale du Soudan.

Visa dans les mains, à moi le Soudan!

Ce matin, je suis donc allé chercher mon visa. Opération simple, pensais-je… Finalement il me faudra 3h30 d’attentes, à me déplacer d’un bureau à un autre, de salle en salle, avant d’obtenir enfin mon sésame, nécessaire pour me rendre au Soudan. c’est un énorme soulagement pour moi. Je m’apprête donc à vivre une nouvelle aventure: la traversée de la frontière égypto-soudainaise. Départ demain en bus à 5 heures du matin. Après quelques heures de routes et la traversée du lac Nasser en ferry, il me faudra encore une quarantaine de kilomètres pour enfin débuter mon périple soudanais!

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Olivier Rochat

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