The Warm Heart of Africa

Km 18’070, Wenya, Malawi.

Tombé sous le charme du Malawi, The warm heat of Africa, ou plutôt de ses habitants, et pour changer des écrits habituels, voici quelques petits portraits. Des « portrait de la route » comme je pourrais en faire tous les jours, ici au Malawi.                                                                               Il faut savoir que la région que je traverse est la plus pauvre du Malawi et par conséquent l’une des plus pauvres au monde. Cependant c’est également l’une des plus souriantes et accueillantes que je n’ai jamais traversé. De plus, la route qui mène au Nyika plateau, bien que belle, est très difficile car enjambant de nombreuses collines pour un dénivelé positif important en plus du fait qu’il n’y a plus d’asphalte (hormis quelques courtes portions inexplicable). En arrivant dans le village de Wenya, avec plus de 70 km de pistes dont 2 cols, je n’avais trouvé que deux petits restaurants sur les 100 derniers kilomètres. Certes la région n’est pas surpeuplée mais y ayant croisé de nombreux villages, cela montre la pauvreté du coin.

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Portait de la route du pays surnommé « The warm heart of Africa ».

Ils s’appellent Hyson, Peter ou Florence. Ils sont professeurs, pasteur ou simple femme au foyer. Tous essaie de survivre tant bien que mal tout en aidant leur communauté, les jeunes ou leurs enfants à se développer. Tous ils m’ont touché. Voici donc quelques petits portraits de la route. Portait de la route du pays surnommé « The warm heart of Africa ».

A noter que ces écrits ont été écrits sur la route et retranscris tel quel dès que j’en ai eu la possibilité.

 

Peter et son fils Wilson

Petite leçon d’humanité. Petite leçon d’humilité. Toujours bon à prendre.

Accueilli par le prêtre Peter et sa famille, hier (23 juin 2015) j’ai passé ma première nuit chez l’habitant au Malawi. Un accueil qui me rappelle celui vécu tant de fois au Soudan: Sobre, simple, rustique, honnête, sans fanfaron mais tellement généreux! Mais ici la pauvreté, plus forte que je ne l’avais jamais vue auparavant, c’est quelque chose…. c’est pas compliqué il n’y a rien. Sur 50 km J’ai beau croisé des villages il n’y a ni magasins ni nourritures… une voiture passe toute les 30 minutes a peine. En fait les gens marchent. Les gosses qui vont à l’école pour la première fois depuis l’Éthiopie n’ont ni chaussures ni uniforme. Par contre le sourire ils l’ont, et sans cailloux, de sympathique concours de photo au milieu de ces vastes montagnes viennent égayer cette paisible et pénible matinée grimpante.

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le sourire ils l’ont, et sans cailloux, de sympathique concours de photo au milieu de ces vastes montagnes viennent égayer cette paisible et pénible matinée grimpante.

Bref c’est donc chez Peter que j’ai eu la chance d’être hébergé pour une nuit touchante en compagnie de sa famille qui vit, n’ayons pas peur des mots, comme devait vivre mon père dans les années 50′.

Racontant l’Europe à Wilson, le 1er de ses fils, je le sens s’émerveiller d’un monde qui n’est pas le sien et visiblement, ne le sera jamais. Devant mon Samsung de… 2011 il me regarde comme un monstre de technologie (et c’est bien le premier…) me montrant son téléphone à 25 dollars, téléphone chinois de surcroît qui ne tiendra pas longtemps. Bien conscient de la chance qu’il a d’avoir déjà un téléphone portable à 18 ans, il ne se plaint pas. Jamais. Mais semble s’émerveiller de toute ces petites choses qui pour nous sont blasantes…

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c’est donc chez Peter que j’ai eu la chance d’être hébergé pour une nuit touchante en compagnie de sa famille qui vit, n’ayons pas peur des mots, comme devait vivre mon père dans les années 50′.

 

Lui expliquant pourquoi je suis là, BFA et tout ça, c’est un cours de Chichewa* qui continue:

Moi: Ndimachokera ku Switzerland, ndili zaka makumi awiri ndizisanu… je viens de Suisse, j’ai 25 ans.

Chaque mot mène a un sourire et entre les sourires, il y a les rires et soudain je redécouvre cette absurde oublié: le rire! Ici on a rien, mais on rit. Et ça fait du bien, putain! Oui ça semble si facile sourire ici, ce rire ici, ce rire-ci, le sien, le mien le nôtre…Sourire au Malawi.

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Sourire au Malawi.

Puis Wilson me parle de ses rêves. Des rêves qui viennent d’un autre monde tel que « voir un train » ou « posséder un atlas ». En effet les trains il n’y en a qu’un, au sud du pays reliant le Mozambique et les cours de géographie ont été supprimés a l’université, les profs n’étant plus payé.

Avec Wilson je (re)découvre alors l’incroyable histoire politiques du Malawi qui va fêter ses 51 ans d’indépendance le 6 juillet prochain:
Après 30 ans au pouvoir, Hastings Kamuzu Banda, premier président du Malawi et « élu par lui même » président a vie, s’en va sous la pression internationale en 1994. Il a 97 ans. A sa mort on découvre qu’il n’était pas malawite mais ghanéen… une histoire absurde et ubuesque. Cependant le Malawi s’ouvre un peu sous l’ère Bakili Muluzi puis Bingu wa Mutharika prend le pouvoir au grand désespoir des malawites qui vont voir le pays s’enfoncer encore un peu plus dans la pauvreté suite à sa politique absurde et égoïste. En effet le Malawi étant totalement dépendant des aides internationales, il reçoit beaucoup d’argent pour développer le pays. Mais Mutharika ne fait que détourner l’argent à son compte, s’achètent jet privé et voitures de luxes tandis que la population s’enfonce dans la pauvreté suite a plusieurs années de sécheresse, prétendant à travers différents interviews que tout le monde mange à sa faim au Malawi et qu’aujourd’hui le pays est dépendant des aides internationales. Ce qui est une absurdité totale. L’éducation est mise de côté, notamment au nord du pays, plus pauvre et moins peuplé, où de nombreux étudiants se voient dans l’incapacité totale de continuer d’étudier. Il meurt d’un arrêt cardiaque au milieu de son mandat, en avril 2012. On découvre alors… 300 millions de dollars (chiffres à vérifier) sous son lit. En cash!!!

Joyce banda, vice présidente du Malawi en 212, comme l’indique la constitution, prend les reines du Malawi suite à la mort subite de l’ancien président, devenant ainsi la 2ème femme présidente d’un pays africain. Du camp opposé, tout le monde s’attend a un coup d’état, beaucoup de sang etc. Mais par miracle mais comme souvent au Malawi, la transition se fait dans le calme et Joyce Banda de s’efforcer de remettre le pays sur le droit chemin. Vendant notamment jet privé pour devenir la première présidente a se déplacer en avion de ligne, (ce qui économise quelques 30 millions par an et c’est beaucoup dans un pays ou 70% de la population vit avec moins de 1 des dollars par jour), ses 62 voitures de luxes, maison présidentielle inutiles et chères et virant la plupart de ses ministres corrompus, elle permet de revenir dans la course et trouver quelque solutions pour lutter contre la faim. L’aide internationale revient, rassuré par ces décisions plus sensées.

Cependant elle n’est pas réelue suite a de nouvelles élections frauduleuses dont les résultats sont si incroyable que d’après certaines sources il y avait plus de réponses positives pour Peter Mutharika (le frère de Bingu Wa Mutharika) que de votant… ce qui relève encore une fois de l’absurdité. Menacées de mort, Joyce banda se retire de la course, bien trop seule dans le petit monde ubuesque de la politique malawite.

Bref bienvenu au Malawi: The warm heart of Africa! Les anciens ministres sont replacés et le Malawi n’est pas sorti de l’auberge.**

Mais le coeur du peuple est toujours là et me voici bien dans un des coeurs chauds de l’Afrique. Incroyable d’accueil, dans chaque village on me salue, les discussions vont bon train et tout le monde semble vouloir m’aider, pas de « cheat »… difficile pour moi de garder un regard objectif dans un pays a la fois si pauvre et si tranquille et accueillant…

Ici l’essence est au même prix qu’en suisse, et le reste est plus chère qu’en Tanzanie, car tout est importé. Par conséquent les gens vivent avec en gros: rien. Ou presque…

Reste ce sourire, presque naïf mais toujours vif… et ces paysages qui n’ont rien a envier au reste du continent. Je continue alors sur le nord, le coin le plus pauvre et moins peuplé du pays.

 

Olivier Rochat, Kapoka, le 24 juin 2015.

Florence M’béné, 27 ans

C’est dans sa petite maison tout en brique que Florence Mbéné, 27 ans, m’a servi une omelette frite. Alors sur la route des hauts plateaux de Nyika, au Nord du Malawi, je me suis arrêté dans le village de Wenya, profitant du petit restaurant de Florence, l’un des 3 seuls que j’ai vu sur les 120 derniers kilomètres.. Vivant avec son mari, Henry, et son fils tout juste né voici quelques moi, Florence est pauvre, certainement tout autant que la plupart des habitants du Malawi et plus particulièrement du Nord du Pays. Mais Florence, honnête et subtile, n’en a pas perdu son précieux sourire.

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Florence Mbéné, 27 ans, m’a servi une omelette frite.

J’entre  dans le village de Wenya en début d’après-midi. Dès la seconde maison sur ma droite j’aperçois cette maison de brique où il est écrit  « Chomo Restaurant ». Conscient du fait que c’est probablement le seul restaurant à la ronde (et ce le sera), je m’arrête, pose mon vélo à côté de l’enseigne et poussant le drap qui sert de porte, j’entre. A l’intérieur, personne. Tout y est sombre. Je ressors.

J’aperçois alors quelques hommes en face de la route. Ils discutent et en levant les bras je les salues. Ils me répondent. Alors passe ce jeune garçon devant moi. Il me sourit, mais sans s’arrêter. J’entends les femmes qui papotent au dessous de ces petits abri vide qui doivent sûrement être bien plus plein lors du jour du marché. Tout est calme à Wenya et j’ai bien du mal à m’imaginer que c’est le village le plus peuplé et desservi sur les 50 kilomètres à la ronde.

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j’aperçois cette maison de brique où il est écrit « Chomo Restaurant »

 

Je rentre à nouveau. Toujours personne. Alors je m’écrie: Muli Bwanji ? (en gros : comment allez-vous ? Qu’on utilise pour dire bonjour).                                                                             Rapidement j’entends des pas et puis la petite porte s’ouvre, amenant un peu de lumière. Ndili Bwino (je vais bien), Kaya inu ? (et toi ?) s’écrie la petite femme qui vient d’ouvrir la porte. Elle porte son fils sur son dos, enfilé dans son « drap » comme le font presque toute les mères de jeunes enfants par ici.

Avec elle toute la lumière entre dans la pièce et j’aperçois maintenant deux petites tables en bois, deux petites chaises dont une bien fendue, ainsi qu’un petit banc, qui me servira de siège pour le repas auquel j’aurai bientôt droit. Et puis un petit téléviseur accroché sur le mûr à gauche de la porte d’entrée sous lequel repose une bonne quinzaine de DVD poussièreux.

Alors je poursuis, toujours en Chichewa: Ndili Bino, Zikomo! (I’m fine, thanks!) Ndifuna kudya  (I want to eat), ali nid chakudya ? (do you have food).

Et la petite dame qui me répond. Eee (oui) avant de poursuivre en anglais : what kind of food do you want ?

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Toute la lumière entre dans la pièce et j’aperçois maintenant deux petites tables en bois, deux petites chaises dont une bien fendue, ainsi qu’un petit banc

Sur le mûr j’aperçois un petit tableau, un menu, où il est écrit les différents plats avec les prix. Je remarque que pour moins de 1 dollars j’ai droit à une omelette frite, et pour à peine plus du riz avec des beans ou du Nsima (plat local, sorte de semoule) avec des beans et pour 2 centimes de plus la même chose avec de la viande.

En fait elle n’a pas de riz j’opte donc pour l’omelette frite qui fera l’affaire.

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j’opte donc pour l’omelette frite qui fera l’affaire.

Alors je découvre Florence qui me dit s’appeler « M’béné » et me présente son mari « Henry ». Quand je lui dis que je viens de Suisse elle me parle de son jeune frère qui a eu la chance de pouvoir partir y étudier. Puis petit à petit nous engageons une sympathique conversation, honnête et sans fanfaron. Elle me demande ce que je fais là, où je vais et pourquoi, oui pourquoi, je parle un peu le Chichewa et c’est sans difficulté que nous plaisantons.

Installant mon téléphone portable (pour le charger) dans la petite cour je traverse alors la cuisine où elle prépare tous ses repas. Un petit feu creusé dans la brique. C’est simple et rustique et à la fois magnifique.

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Un petit feu creusé dans la brique.

Puis en allant aux toilettes je découvre la place pour laver… Là aussi très rustique.

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je découvre la place pour laver…

Et enfin: le ballon de foot. Et là encore: très rustique!

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Le ballon de foot: là encore: très rustique!

Après avoir rechargé mes batteries et me doutant bien que je ne trouverai rien sur les 30 ou 40 prochains kilomètres, je demande à Florence s’il elle peut me préparer du riz que j’embarquerai avec moi pour la route. En effet mon réchaud est en panne et par conséquent il m’est impossible de cuisiner. Florence me dit que oui mais n’ayant plus de riz elle s’en va à sa recherche dans le village. Et là encore surprise: impossible de trouver du riz dans le village. Un village de plus de 1000 habitants tout de même. Durant tout mon voyage c’est bien la première fois que cela m’arrive. D’autant plus que même des tomates je n’en trouve pas ici. C’est donc avec une simple omelette-frite, encore elle, que je continue mon chemin en direction des Nyika plateaux.

Après un dernier adieu à Florence M’béné qui si elle n’aura pas changer l’issue de mon voyage, aura bien réchauffé mon après-midi solitaire. D’où ces quelques lignes et quelques photos.

 

Olivier Rochat, Wenya, le 25 juin 2015.

Sans toit mais sous tente

Si la beauté rendait riche et le sourire aussi, ici je serai pauvre. Mais ce n’est pas le cas. Par conséquent je suis plus que riche ici où plus je m’enfonce dans les montagnes plus les villages sont pauvres mais les montagnes de plus en plus belle. Quant aux sourires ils n’ont pas changé et impossible d’y échapper. Tout le monde sourit ici et telle une véritable épidémie me voici touché. Impossible d’y échapper. Ainsi hier soir c’est à Chendo que j’ai passé ma nuit. Un village au pied des hauts plateaux où la nuit fut fraîche mais pas trop. Un village sans électricité ni grand chose d’autre où tout ce que j’ai trouvé c’est des tomates et des oranges et rien d’autre. Si ce n’est un petit shop vendant quelques soda, poudre à lessive et des autres objets que je n’ai pu identifier.

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Tout le monde sourit ici et telle une véritable épidémie me voici touché.

 

Mais en demandant pour planter ma tente ici (dans le village de Chendo) tout le monde s’est efforcé de me trouver un endroit puis c’est un homme qui en pleine nuit est venu m’apporter une grande bassine d’eau pour me laver…

Au petit matin demeurait ce feu de bois qui réchauffait les hommes qui n’ont pas vraiment de toit par ici. Ils sont nombreux.

En reprenant ma route je découvre les pistes, à nouveau. De belles pistes bien tapées qui changent de celles, horribles et caillouteuses, du somptueux parc national de Kitulo de la semaine dernière. Oui cette fois me voici enfin sur de belles pistes! Quand soudain une couche de terre-sable recouvre totalement la face damée de la route. Me voici bon pour pousser. A nouveau… alors enchaînant kilomètres sur la selle puis à la poussée, je m’enfonce gentiment mais sûrement en direction des hauts plateaux de Nyika. Dans cette région belle et sauvage, si pauvre mais accueillante, je grimpe timidement, lentement, jusqu’au sommet des routes du Malawi, à quelques kilomètres seulement de la Zambie que j’aperçois depuis longtemps sur ma droite.

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me voici enfin sur de belles pistes! Quand soudain une couche de terre-sable recouvre totalement la face damée de la route. Me voici bon pour pousser.

Cependant c’est bien au Malawi que je suis, et donc au Malawi que je reste! La Zambie ne perd rien pour attendre mais pour l’instant elle attend! Alors arrive Chisenga, un petit village où je trouve mon deuxième lieu pour me restaurer sur les 100 derniers kilomètres malgré plusieurs dizaines de villages aperçus. Me voici au pied des Nyika plateaux. Le meilleur est a venir!

Je m’arrête boire un thé, un mandazi. Un mini cochon me coupe la route effrayé par le poulet qui lui crie dessus. A ma droite se ballade un chien que lon dirait errant et trois poulets, les pattes attachées, sont posé là, par terre, attendant sagement qu’on s’occupe d’eux. Je massied. Le cri strident d’un bébé, comme si souvent dans ces villages, vient percer l’air… c’est pauvre. Mais c’est l’Afrique alors le sourire de cette dame vient m’inviter a rester un peu avant de continuer mon chemin de solitaire.

Puis j’écrit ce récit tout en mangeant mon Mandazi. Alors vient le moment chez moi terriblement redouté: celui de l’addition: 440 Kwacha… sois moins 1 dollars, pour 2 thé, 2 mandazi et 3 morceaux de pains. Alors je laisse un pourboire pour l’életricité. Rien de bien excitant: 60 kwacha soit environ 15 centimes d’euro, même un peu moins. Et même la pas moyen, tout à ma surprise le restaurateur refuse.

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Je m’arrête boire un thé, un mandazi.

 

Hyson, le Head-Teacher qui dormait par terre!!!

Nouvel improbable accueil sur les terres du nord du Malawi. Une région à laquelle je m’attache de plus en plus.

De l’accueil et du partage, de la générosité… et puis ces pistes qui depuis hier sont devenues des monstres à grimper. Mais de plus en plus belle. Après 90 kilomètres de pistes me voici enfin tout proche de l’entrée des Nyika plateau!
Je viens d’apercevoir, enfin, mon premier aninal sauvage au Malawi. Et quel animal: un caméléon! Ma fois les zèbres (belles bêtes ça) qu’on ma promit au haut des montagnes de nyika attendront. Mais d’ici là toujours le même accueil et hier c’est chez Hyson que j’ai pu passer ma nuit.

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Je viens d’apercevoir, enfin, mon premier aninal sauvage au Malawi. Et quel animal: un caméléon!

Hyson est head-teacher (professeur principal) a l’école de Kamila Mpande et là encore j’ai pu m’apercevoir de l’importance d’une école dans ses régions pauvres dont les maisons peu solides subissent la colère des saisons des pluies qui se détraquent de la même manière que nos hiver.

Et oui le Malawi a connu des pluies démentiels en janvier dernier. Au final plus de 230’000 maisons détruites pour plus 500’000 sans abri. La moitié du pays a été touché. Ainsi qu’un peu du Mozambique et de la Zambie voisine. Et là encore le Malawi s’enfonce un peu plus profond.

 

Un demi million de déplacé une demie ligne dans les journaux… le Malawi reste le Malawi et les violents tremblements de terre des années passées, détruisant route et habitations, n’y ont rien changé. On a parlé d’Haïti, de Charlie ou du Népal mais le Malawi a besoin d’un milliard de mort pour avoir une page complète. Et certainement 17 milliards pour qu’on engage une chaîne du bonheur. Même l’élection miraculeuse de Joyce banda en 2012, première femme présidente d’Afrique australe et femme la plus influente d’Afrique durant son mandat, n’y a rien changé. Heureusement le Malawi n’est peuplé que de 17 millions d’habitants. Mais C’est déjà trop pour l’un des pays a la plus forte densité d’Afrique.

Le bon côté c’est que derrière son ignorance du reste du monde le Malawi garde son sourire même si derrière le mot Malawi se cache toute une population qui vit, dirait on, encore plus en « retard » que le reste du continent..

Avec Hyson, qui m’invita alors que je passais à côté de l’école où il enseigne à la tombée de la nuit, j’ai ainsi pu découvrir l’école construite en dur qui sert de centre pour tous les gamins du coin qui viennent y étudier ou jouer, comme sur le terrain de foot, bien aménagé, qui entoure l’école. Entouré, ici les jeunes peuvent concevoir un avenir, un avenir autre que celui de leur aîné: les hommes, dans les villages. Toujours accueillant, mais souvent pitoyable. L’alcool est passé par là… impossible de construire quoique ce soit avec la plupart d’entre eux.

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ici les jeunes peuvent concevoir un avenir, un avenir autre que celui de leur aîné:

 

Reste les femmes. Femmes courage. Le sourire porteur de bonne humeur et du refu d’abdiquer.

Et puis passant à côté du terrain de foot ou jouait une bonne vingtaine de gamins, j’ai sorti mon appareil. Tout d’un coup plus moyen de jouer au foot. Me voici pris au piège de 30 
gamins qui veulent des photos et me réservent un accueil inattendu, me réservant des « Zikomo » (merci) plein de reconnaissance lorsque je leur montre les photos.

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Tout d’un coup plus moyen de jouer au foot.

Chez Hyson j’ai également découvert un homme simple et généreux qui essaie de nourrir sa femme et ses 4 enfants du mieux qu’il peut. Dans le noir car n’ayant pas d’électricité, sa femme nous a généreusement cuisiné du Nsima, le plat local que mange tout les malawites (aussi appelé Ugali dans les autres pays est-africains -Kenya, Ouganda, Rwanda, Tanzanie-), accompagné de choux et d’une sorte d’épinards. A côté de nous deux de ses enfants jouaient aux cartes. Et là encore même les cartes étaient trouées, déchirées. L’Europe me semble bien loin.

Pour dormir je gonfle mon matelas et le pose sur le sol d’un salon où il y a un canapé, du bois entassé, mon vélo et pleins d’autres affaires entassées dans la seule pièce conséquente de la maison. Hyson arrive et s’excuse un million de fois de ne pouvoir de lit. Le seul qu’il a il le réserve aux enfants. Il dormira par terre ou presque, sur un vieux matelas posé là.  Le sympathique head-teacher de l’école de Kamila Mpanda, costard cravate, dors donc par terre…

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Chez Hyson j’ai également découvert un homme simple et généreux qui essaie de nourrir sa femme et ses 4 enfants du mieux qu’il peut.

La Suisse? Oui je connais! Mais sur quel continent se trouve-t’elle?

En quittant Hyson, il m’est difficile de ne pas me sentir touché. De ne faire rien d’autre que pédaler. Et puis je n’oublierai jamais ces quelques mots lors de notre rencontre:

Lorsque je lui dis:

ndi machokera ku Switzerland (je viens de suisse), Hyson me répondit le sourire jusqu’au oreilles: oooooh Switzerland! Oooh beautiful! Chabwino! I know Switzerland. Yes i know Switzerland! But which continent is Switzerland?

Petit rire avant de donner un petit cours de géographie au prof principal de l’école de kamila mpande! Un prof qui connaît la Suisse. Mais pas dans quel continent elle se trouve. Ah l’Afrique!

c’est alors dans le bel atlas réservé aux élèves, que je lui montre alors le chemin parcouru, non sans omettre de parler en Chichewa dès que mon vocabulaire encore limité le permet.

Olivier Rochat, Nthalire, le 26 juin 2015.

* Chichewa= langue nationale du Malawi

**= les informations sont à vérifier, je parle là de la discussion que j’ai eu avec Wilson, par conséquent quelques erreurs ont pu se glisser.

Olivier Rochat

Une réflexion au sujet de « The Warm Heart of Africa »