Sunny Beach: ni plage, ni soleil…

Km 3’557, Sunny Beach, Bulgaria.

Hier en Bulgarie à défaut de tant de chiens c’était temps de chien. Je veux dire par là de la pluie et peu de chiens. Ces derniers semblent avoir disparu. Enfin ! Par contre la pluie, elle, est revenue. Et plutôt bien!

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Hier en Bulgarie à défaut de tant de chiens c’était temps de chien.

En quittant Varna après deux jours de repos, dont une de violente tempête qui parfois amena jusqu’à 30 cm d’eau dans les rues, je pensais enfin reprendre une route tranquille en direction de la Turquie.

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En quittant Varna après deux jours de repos dont un de violente tempête qui parfois amena jusqu’à 30 cm d’eau dans les rues, je pensait enfin reprendre une route tranquille en direction de la Turquie.

Le matin était sec au moins. Pas d’eau qui me tombe sur la tête mais peut-être 5 ou 6 degré à tout péter. Le ciel était gris colère et moi je ne voyais pas la mer, ou trop rarement, depuis la route qui s’éloignait des côtes. Quelques bosses entre champs et forêts, quelques voitures mais pas un seul vélo. Rien de bien excitant mais au moins les routes sont bonnes en Bulgarie. Presque pas de trou, parfois même pas du tout, et sur plusieurs dizaines de kilomètres. Et puis le vent soufflait fort hier, très fort mais pour une fois je l’avais avec moi donc je ne vais pas ajouter « trop fort » même si ça l’était. C’est à dire pédaler avec le vent dans le dos. Trop fort. Trop froid également…

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Bam! comme un éclair la pluie qui revient au galop… Bref je suis reparti une heure plus tard plus fort que l’enfer car ça ne semblait s’arrêter. Ça ne s’arrêta pas d’ailleurs. Jusqu’au soir..

A midi j’arrive à Byala. Un petit village au bord de mer. Gelé par ce froid d’hiver je m’arrête dans un bistrot histoire de me réchauffer dignement et là, bam, comme un éclair la pluie qui revient au galop… Bref je suis reparti une heure plus tard plus fort que l’enfer car ça ne semblait s’arrêter. Ça ne s’arrêta pas d’ailleurs. Jusqu’au soir…

Sunny Beach… ni soleil ni plage

La nuit tombait. Après 4 heures en enfer à me débattre contre le vent et la pluie sans apercevoir le moindre village, j’arrive enfin au bord de mer. Je redescendais un petit col que j’avais grimpé plein enfer sur une bonne dizaine de kilomètres. La région devait être belle, mais moi je ne le voyais pas vraiment et puis je ne sentais déjà plus pieds. Je te laisse imaginer l’état de mes mains… Moi j’appelle ça la haine des débattues! Parce que je hais ça, les débattues. Lorsque le froid t’engourdis les membres ça va encore, mais lorsqu’il s’agit de les réchauffer… Enfin bref au bout d’un long moment de solitude, enfin, j’arrive au « sommet » de ce col (443 m d’altitude) complètement gelé par ces conditions dantesques. L’enfer commence alors. Oui car monter sous la pluie ça peut le faire mais descendre… laisse tomber. Après quelques longues minutes de descentes interminables, ne sentant bientôt plus ni mes mains ni mes pieds, j’aperçois soudain une baie. Des habitations et même ce qui devait ressembler à une petite ville.

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Après quelques longues minutes de descentes interminables, ne sentant bientôt plus ni mes mains ni mes pieds, j’aperçois soudain une baie.

Après cette descente plutôt… horrible, je me dis enfin que je vais trouver de quoi dormir au chaud et puis tant pis pour le prix. Ici pour 20 CHF (16 euros) tu as ce que tu as pour 80 CHF (64 euros) en Suisse.
J’entre dans la « ville » et là, surprise! C’est hôtel sur hôtel, pas une seule « vraie » habitation, mais pleins d’hôtels de luxe, de magasins de luxe, de casinos… Mais tout est fermé. Me voici à Sunny Beach, fin octobre avec un temps de mi-décembre… Welcome to Hell! La traversée de Sunny Beach fût plutôt glauque. Entre hôtel de luxe fermé et hôtel en construction tout du long. C’est comme vouloir faire vivre un mort!  Généralement cela ne fonctionne pas. Finalement il y avait quand même quelques chiens qui me courraient après, aboyaient un moment et puis abandonnaient. Bien que peu nombreux ils ajoutaient quelques choses de macabres à Sunny Beach!

Into the hell à défaut d’ailes. Et oui à défaut d’elle ce fût lui…

Au bout d’un moment à tourner en vain dans Sunny Beach, complètement trempé, je trouve enfin de quoi manger dans un petit fast-food plutôt bon pour le nom qu’il supporte. Riz et cuisses de poulet pour 3.20 CHF, ça va, me voici rassasier. C’est là, alors que je me demandais où diable allais-je bien pourvoir passer ma nuit, que je l’ai rencontré. Il mangeait lui aussi dans ce fast-food. Sans hésiter lorsqu’il vu que je cherchais un hôtel  ou du moins une chambre pour la nuit, il m’invita à le suivre dans un anglais bien plus limité que le mien . Confiant je m’exécutais. Alors il m’amena chez lui, dans un immeuble de Sunny Beach, l’un des seul habité à cette période de l’année. Habité par les travailleurs de l’ombre. Ceux qui travaillent l’hiver pour construire les hôtels qui serviront l’été prochains. Genadi, travailleur de Sunny Beach à la saison morte, m’invita chez lui.

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Genadi m’invita chez lui. Jeune bulgare de 26 ans, il me proposa de passer la nuit dans sa modeste chambre, au milieu de Sunny Beach

La nuit fût rustique. Pas d’électricité, pas de chauffage, un matelas pour moi, un pour lui… Mais l’essentiel est ailleurs dans ces moments-là. Autour d’une bière, quelques biscuits en bouche avec un demi saucisson bulgare et un crouille morceau de pains, chacun à raconter sa vie, ses rêves et ses malheurs. A partager le pourquoi du comment! Au fond qu’est ce que je fous là, à Sunny Beach… Mais toi Genadi qu’est ce que tu fous là putain? Moi je ne fais que passer. Mais toi? Tu y passes ton année putain... Enfin paraît-il que l’été ça vaut le coup… C’est ce qu’a essayer de me faire croire Genadi. Que l’été à Sunny Beach ça vaut le coup. ! S’il le dit…

Le lendemain, ce matin quoi, je repris ma route après ma nuit rustique à Sunny Beach. Le genre de nuit qui, à défaut de luxe, me coûte un paquet de clopes (2.80 CHF), c’est à dire tout ce que Genadi accepta en retour de son invitation. Ou dormir chez l’habitant…

Ce matin je suis reparti, en direction de la Turquie. Il faisait sec mais toujours aussi froid. Et puis ce ciel toujours si gris…Oui l’automne m’est rentré en pleine poire. Mais bon au moins j’ai le vent avec moi…

Olivier Rochat

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Ce matin je suis reparti, en direction de la Turquie… Oui l’automne m’est rentré en pleine poire. Mais bon au moins j’ai le vent avec moi…

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